Une plaisante mais très classique évocation du combat des suissesses pour le droit de vote.

Fait pour le moins extrêmement rare : voir débarquer un film de nos cousins helvètes dans nos contrées. Et c’est, paradoxalement, un film qui narre le combat des femmes pour obtenir le droit de vote dans un pays pourtant réputé pour être en avance sur beaucoup de choses au niveau des droits sociaux et de la démocratie, mais finalement bien en retard en ce qui concerne l’égalité des sexes. « Les Conquérantes » fait donc figure d’une piqûre de rappel importante et nécessaire pour une lutte pas si vieille que ça. On suit donc sans s’ennuyer une seule seconde et avec un sens du tempo aiguisé et un souci de réflexion optimal ce groupe de femmes menées par une Marie Leuenberger en tous points parfaite. D’ailleurs, on apprécie que les personnages soient assez fouillés pour ne pas être de simples caricatures destinées à cocher les différentes cases de la femme révoltée d’alors.


Ce film aux allures de feel-good movie a le mérite d’être instructif sans tomber dans l’écueil d’un didactisme excessif. Cependant, il revêt la trame narrative classique de ce genre de productions avec un sempiternel schéma déroulant prémices, galères, espoir, déception puis victoire. En cela, le long-métrage nous fait penser - en nous laissant un léger arrière-goût de déjà-vu – à tout un pan du cinéma anglais à la fois social et sociétal tendance « Pride », « We want sex equality » ou « The Full Monty ». Mais c’est plutôt de bonne inspiration pour une œuvre d’une nationalité cinématographique si rare que celle de la Suisse. Surtout qu’on ressent bien le contexte helvète à travers de jolis paysages et une belle patine à l’ancienne qui donne aux images un joli aspect suranné, renforcé par des décors pétris du charme d’antan.


On sourit tout autant que l’on s’émeut devant quelques-unes des mésaventures de ces femmes pour faire reconnaître leurs droits. L’esprit fermé des paysans de l’époque, du à des siècles d’héritage patriarcal, peut d’ailleurs encore faire écho aujourd’hui dans certains pays. On reconnait à la réalisatrice de ne cependant jamais verser dans l’émotion forcée malgré quelques scènes un peu plus tire-larmes. Le fait de rajouter au combat pour le droit de vote une vignette sur l’émancipation sexuelle de la femme semble en revanche inutile, voire hors-sujet car elle n’est pas traitée assez en profondeur et apparaît comme un clin d’œil qui dénote. « Les Conquérantes » est donc un film plaisant à défaut d’être renversant qui fait passer un bon moment, ni plus ni moins.

JorikVesperhaven
6

Créée

le 8 nov. 2017

Critique lue 311 fois

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Rémy Fiers

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