Pour faire une bonne suite, il faut reprendre ce qui a fait le sel du premier film tout en s’en démarquant sans le dénaturer.
Le sel du premier film y est, avec une grosse bébête bien affamée et qui trouve à Amity le restau idéal pour un petit casse-dalle pas cher, avec un maire toujours coincé entre vouloir faire prospérer sa ville et la peur de tout perdre si cette grosse bête vient s’en mêler (poussé au cul par un promoteur trop caricatural pour être réglo), un flic trop honnête pour ce monde cruel (figure idéale du seul contre tous, une nouvelle fois campé par le parfait Roy Scheider (je ne me rappelle pas l’avoir vu mauvais dans un film)), la mer calme qui cache son danger sous nos pieds…
La démarcation y est en partie, même si la trame reste peu ou prou la même (un requin sème la terreur dans une station balnéaire, un flic sait que c’est un requin, le maire refuse d’y croire, un drame atteste de la réalité de la chose, le flic part en chasse). Ici, pas de groupes de chasse, juste le flic qui doit défendre des gamins qui avaient pour ambition de faire du voilier, de picoler et plus si affinités. Parmi ces gosses, les deux siens qui ont grandi mais n’ont pas retenu ce qui était arrivé à leur père. Car, oui, l’histoire se passerait ailleurs, je ne dis pas. Mais ici, on est en présence d’un cas d’amnésie collective sévère.
Jeannot Swarc ne dénature pas le projet qui est moyen à la base, mais là où Spielberg avait une vraie vue d’auteur (parfois due aux contraintes, comme avec ce requin en panne qui a poussé à ne pas le montrer trop souvent), faisant de son film une quête existentielle pour nos trois personnages, le réalisateur français se contente de mettre en image sans apporter grand-chose.
Une suite efficace et sympa, loin des naufrages suivants.