On aurait du mal à le croire de nos jours mais il y a quarante ans, faire une suite n'allait pas de soi, plutôt le contraire même. Il serait peu dire que les temps ont bien changés, surtout quand on voit les plannings s'étalant sur je ne sais combien d'années et annonçant une myriade de suites avant même la sortie du premier opus. Aujourd'hui, faire une suite est presque un passage obliger pour tout succès, allant même jusqu’à faire des suites à des films qui n'ont rien demandés.
Bref, il n'y a pas si longtemps, le concept de suites était bien moins démocratisé. Mais par l'odeur alléché d'un box office battant tous les records et d'un succès planétaire qui transmet encore et toujours une phobie de la baignade aux gens, Universal s'est dit : "trayons la vache tant que le pie goutte encore".
Et donc...
Un requin revient à Amity, des gens sont dévorés, une jeune fille beugle beaucoup trop, le requin nous fait un cosplay de Freddy, bref... la mer se teint à nouveau de rouge.
On ne va pas se mentir, l'écart qualitatif avec son prédécesseur est assez conséquent. La raison principale, Spielberg n'est plus à la barre et sa remarquable maîtrise manque cruellement au film. Szwarc n'a clairement pas l'ambition et le talent de son prédécesseur. Si Jaws 2 n'est pas mal fait en soit, on lui reconnaîtra un sens du divertissement plus que louable et quelques idées de mises en scènes, on est bien loin de la maîtrise du précédent, véritable bijou de tension.
Jaws 2 devient alors vraiment banal. Les idées ne manquent pourtant pas et mettre de jeunes gens sur leurs petites embarcations face à ce monstre marin apporte une dernière partie en mer assez divertissante et suffisamment désespéré pour rendre leur situation intéressante à suivre. Malheureusement, le peu de développement des personnages n'aide pas et aucune victime n'impacte réellement, on est seulement heureux de voir débarquer le requin et un bout d'action.
C'est bien ce qui me dérange avec ce film, il ne vaut vraiment que pour ces séquences de divertissement (aussi pour Brody tout de même), le reste est plus que bâclé et peu intéressant.
Malgré cela, j'avoue une certaine tendresse pour ce film. Certes il est loin d'égaler le premier Jaws, mais il demeure une petite série B sympathique et divertissante, laissant la part belle au requin (plutôt cool avec sa face à moitié brûlée et défigurée) et suffisamment bien faite techniquement pour ne pas rebuter au visionnage.
Malheureusement, la chute qualitative ne va cesser pour cette saga et je reconnais que cela ré-évalue mon appréciation de cette suite qui parvient au moins à sortir la tête de l'eau et proposer un métrage correct.
Dans une saga ou deux suites sont au mieux des nanars, au pire des étrons innommables, reconnaissons au moins que cette première suite n'est pas un naufrage.