Revoir Jaws aujourd’hui, c’est apprécier une fois encore la maîtrise de Spielberg dans l’art d’en montrer un peu mais pas trop. La première moitié du film, exemplaire, emmène le spectateur face au constat de la menace. Les autorités municipales défient les cautions scientifiques (tiens tiens...) jusqu’à ce que l’inéluctable s’impose : il faut partir à la pêche au requin géant. Et là, c’est le drame : le film part en sucette. On le comprend pas pourquoi le commissaire qui a peur de l’eau embarque, il est le héros et le film ne peut apparemment pas se finir sans lui. À bord, on assiste à un ridicule concours de testostérone, le point d’orgue consistant en la destruction de la radio pour être en tête à tête avec la bête. On y croit plus une seconde (en supposant même que l’existence du requin géant soit admise). La musique de John Williams dénote complètement avec son thème à la flûte traversière dès que les barils s’éloignent.
Jaws demeure un jalon de l’histoire du cinéma, mais il accuse le poids des ans.