Le monde ne va pas trop mal.
Les Derniers jours du monde est un film adapté d'un roman éponyme écrit par Dominique Noguez. L'histoire se déroule aux derniers instants de la Terre, où de manière subtile, par petites touches, des phénomènes se produisent et annoncent la fin inéluctable. Cette vue à la française ne manque d'ailleurs pas de mordant : les gens vivent toujours leur quotidien, le cadre flatteur de Biarritz ou de l'Espagne sous le soleil de juillet rend presque improbable cette fin du monde, Le héros traverse même une Féria, avec une foule qui profite de ses derniers instants.
Le film se réapproprie la thème religieux de l'apocalypse pour y placer en premier un contre courant. Là où tout le monde décide de fuir dans le même sens, Robinson remonte le courant, littéralement, pour chercher Laetitia, un amour disparu avec qui il a vécu pendant une année. Et là où, métaphoriquement, tout le monde vieillit pour aller à la rencontre de la mort, Robinson rajeunit à la recherche d'un bonheur passé toujours aussi vif qui lui fait passer les évènements actuels au deuxième plan. De nombreux souvenirs sont présentés de sa vie passionnelle et charnelle avec Laetitia, dans un monde encore radieux. Et à force de remonter le courant, Robinson redevient un nouvel Adam (littéralement, nu). La phrase clé du film, c'est à dire ne pas savoir ce qui adviendra de demain est synonyme de jeunesse. C'est ce que lui permet Laetitia, une Ève aussi innocente que tentatrice (elle aussi, littéralement nue). Le film, de manière progressive, glisse d'ailleurs vers le nu et présente ses formes, ses excès, ses vices, mais aussi sa pureté.
Bien sûr, l'image de Robinson, personnage principal de l'ouvrage de Daniel Defoe est également plus qu'évidente. Alors que la terre se meurt et se vide petit à petit, voilà les deux amants seuls sur une île déserte, Laetitia, métisse, jouant ici le rôle de Vendredi.
Au final, Les Derniers jours du monde est un film "chaotique", où se juxtapose et se télescope des images variées, allant de la fête, de l'inconscience, de la vie, pour glisser naturellement mais brutalement vers la mort, ces corps sans vie, ces suicides, ces meurtres. Tout cela, le film semble le réaliser sans se poser la moindre question (on a bien dit semble) que le résultat est limpide, naturel.