The duellist demands satisfaction. Honour, for him, is an appetite.

Pour son premier film, on ne peut pas reprocher à Ridley Scott de manquer d’ambition. S’attaquer à une période de l’Histoire française lorsqu’on est Anglo-Saxon et qu’à aucun moment on n'utilisera la langue de Molière est un pari risqué, surtout vis-à-vis du public français, toujours ravi de pouvoir pointer du doigt la moindre erreur, le moindre anachronisme pour satisfaire son besoin de rappeler le manque de culture des cinéastes étrangers.


Pourtant ici, bien que les personnages s’expriment en Anglais, l’immersion est totale. N’étant pas un spécialiste de l’époque napoléonienne, je me garderai bien de commenter la justesse des uniformes ou coupes de cheveux, mais toujours est-il que l’effort est réel.
Par ailleurs, Ridley Scott et son équipe n’ont pas chômé quant aux décors. Ça va faire un peu vieux con, mais une scène tournée dans un beau paysage extérieur sera toujours plus esthétique à mes yeux que n’importe quel fond vert. Tourné majoritairement en Dordogne, du côté de Sarlat, le long-métrage est de toute beauté.


Au niveau des acteurs, The Duellists se résume essentiellement à un face à face entre Keith Carradine interprétant d’Hubert et que l’on suit tout au long de ces quinze années, et Harvey Keitel jouant le rôle de Féraud (logique me direz-vous, c’est un duel, c’est dans le titre). Il est intéressant de voir comme cette confrontation part de presque rien pour finalement s’étirer sur de longues années à attendre le prochain affrontement alors que l’un comme l’autre ne sont plus très sûrs de l’origine du conflit. Le côté jusqu’au-boutiste des protagonistes dans leur désir de sauver leur honneur relève presque de l’absurde mais est aussi le reflet d’une époque.


Au rayon des reproches, on notera que le montage est encore imparfait. Certaines coupes sont assez brutales et les arcs narratifs secondaires sont parfois un peu bâclés. On aurait gagné à développer légèrement certaines transitions. Rien de bien grave, mais c’est suffisant pour empêcher The Duellists d’entrer dans la catégorie des « très bons films » à laquelle il aurait pu prétendre.


Au final c’est un film très agréable, avec un propos intéressant et une tension maitrisée. Le tournage extérieur est comme un bol d’air frais et donnerait presque envie d’aller visiter un ou deux châteaux le weekend.

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le 8 oct. 2015

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Jake Elwood

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