Après vingt-cinq films, dur de faire dans le primitif et l'inédit tant les poncifs afférents ont été usés et abusés au sein du Marvel Cinematic Universe. A un point tel qu'en dépit de ma passion pour cet univers étendu, j'avais du mal à trouver à redire aux détracteurs qui lui reprochaient de manière presque systématique (mais au demeurant constructive) des films suivant la même formule depuis le milieu des années 2010, sans chercher de quelconque prise de risque. Qu'à cela ne tienne, ces Éternels débarquent sous la mise en scène de Chloé Zhao pour non seulement nous montrer une nouvelle prolongation de cette mythologie super-héroïque ; mais aussi et surtout pour nous prouver que l'inédit chez les super-héros de pellicule n'a rien d'utopique.
Kevin Feige a-t-il entendu la grogne de ces fameux détracteurs ? Aucune idée. Toujours est-il que même s'il pâtit de quelques défauts, le dernier bébé de Mrs. Zhao a de quoi étonnamment surprendre : introduire une dizaine de nouveaux personnages quasi inconnus de l'écurie de la maison de comics au logo rouge, leur donner à chacun un background et une histoire complète, justifier leurs enjeux avec ceux de la phase IV du MCU initiée début 2021, et parvenir a rendre leurs péripéties crédibles en les faisant se mesurer à une réelle menace tout à fait susceptible de mettre leurs noms d'éternels à rude épreuve.
Des choses, ce film en ose : quelques effets violents lors des affrontement avec les fameux déviants (sans tomber dans le gore à outrance, bannière Disney oblige) ; des protagonistes qui meurent sans revenir (Disney a fait des progrès depuis Narnia, il est vrai..) ; une durée totale de plus de 2h30 risquant de donner l'impression au spectateur de deux premiers tiers de film soit par certains moments trop poussifs, soit par d'autres moments s'éternisant (oups) trop, la faute à des flashbacks certes plaisants à l'oeil mais pas toujours judicieusement casés dans l'intrigue principale ; des thèmes tels que l'homoparentalité (amateurs de polémiques stupides, c'est pour vous ! ..ça et la mixité ethnique du cast principal, c'est au choix !) ou l'acceptation de sa propre condition d'éphémère au sein de l'univers ...et même des références dans les dialogues à certaines figures super-héroïques de la distinguée concurrence. Osé et pas déplaisant.
Les acteurs ne sont pas en reste ; même Angelina Jolie sait se rendre crédible en figure déifiée de la guerre. La musique de Ramin Djawadi fait les mêmes merveilles que celle qu'il avait posé sur Iron Man en 2008. Arrivé au dernier acte du film, c'est là que son potentiel réel éclate bel et bien, et que la "formule Marvel" est abandonnée. Sans spoiler, outre l'apothéose du dernier affrontement, sa tournure et sa conclusion en laisseront plus d'un sur le carreau tant elles paraissent au-delà des entiers battus par les canons du genre. Même constat pour l'épilogue qui pourra paraître bancal pour certains alors qu'il ne fait qu'appeler à l'extension de ce nouveau lore... (Ah, les fameuses scènes post-génériques)
Un bel effort, qu'il serait dommage de bouder.