Quatre sœurs élevées par leur seule mère vont devoir se battre pour accomplir leurs grandes ambitions malgré les conditions dégradante d’une société patriarcal agissant sur elles. Ainsi, on comprend aisément le message que semble vouloir nous faire passer le film. Une volonté féministe, où les enjeux politiques et sociales de l’histoire y sont clairement mis en place, où même l’affiche du film que l’on a pu voir absolument partout va clairement dans ce sens en montrant une femme, toujours en mouvement, courant vers la réussite, vers le succès et bien sûr on l’a compris vers le changement. On pourrait ainsi en déduire d’après ce postulat que l’histoire se suffit à elle-même, que l’enjeu que celle-ci impose parlera à elle seul pour tous les spectateurs, car c’est en effet dans la justesse et la subtilité que passe l’émotion, et ici un éventuel message politique. On pourrait en déduire que la mise-en-scène devrait simplement accompagner esthétiquement cette idée et être à son service, que les dialogues, qui prennent une très grosse place dans le scénario, devraient nous permettre de s’attacher aux personnages en évitant le plus gros piège dans ce type d’histoire qu’est le poncif, la phrase toute faite n’apportant aucune réflexion. Et c’est en ce sens que le film échoue là où il pourrait se démarquer, le manque de subtilité du propos mêlé à une mise-en-scène assez plate, souvent en manque d’inspiration dessert un film qui pourtant n’est pas dénué de qualités.


En effet, l’apparence des personnages est pourtant très intéressante avec un excellent jeu d’acteur à souligner pour tous, une façon de mettre en valeur la femme différemment que d’être toujours au centre du cadre. Elles sont ici la plupart du temps en hauteur ou au moins au même niveau que leur semblables masculins, mises en lumières de manière plus colorées et en mouvement car ce sont elles qui contrôlent de bout en bout leur histoire. En effet, l’immersion à l’intérieur de l’intimité de cette famille est remarquable, on s’imprègne grâce aux mouvements perpétuel des jeunes femmes de leurs ambitions, leurs pensées, leurs conflits et bien évidemment de leurs réconciliations. Puisqu’en effet tout est toujours bien qui finit bien, leur mode de vie très puritains voire naïfs et se distance avec nous, renvoyant clairement une image de famille parfaite en tout point peu intéressante, et des dialogues certes amusants, prenant, touchant parfois sur les conditions féminines, n’échappant pas toutefois, comme dis auparavant, à quelques lourdeurs qui desserve clairement leur propos.


La mise-en-scène n’aide pas en plus à embellir cette œuvre bien que pleine de bonnes intentions mais très académique avec toujours des plans d’ensemble pour situer l’action, plan moyen pour le champ / contre-champs et quelques alternances où le mouvement et le jeu des personnages nous permettent de rester attaché à l’histoire, ce qui ne suffit tout de même pas pour en faire un grand film, loin de là. Seul indéniable point fort du film est la maîtrise du temps qui rythme sans cesse les péripéties de la famille sans qu’on ne soit jamais perdu, mais au contraire, attaché aux divers cassures, retrouvailles, réussites en jouant avec ses sentiments entre les séquences où le suspens et l’attente est créé par cette distorsion du temps.


Cette donc un film doté de bonnes idées, au casting bien choisi, au message politique qui s’inscrit dans notre époque mais toutefois très voyant sans y apporter de réelle réflexion qui ferait avancer les mentalités. Aucune prise de décision ne démarque l’œuvre, aucun choix artistique intéressant n’est particulièrement à souligner, c’est un film à voir pour ses idées, sa tendresse, son rêve quelque peu utopique mais apaisant, cependant rien de plus.

Séance_critique
5

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le 26 janv. 2020

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