Décidément j'aime beaucoup les fraises.

On m'avait dit de « Les fraises sauvages » qu'il était le film parfait pour débuter avec le cinéma de Bergman. Douce matinée nuageuse, mélancolie ambiante, journée parfaite pour me lancer dans le cinéma du réalisateur suédois. Un univers atypique là où l’imaginaire et le réel se côtoient de manière évidente.

Isak, vieil homme solitaire nous explique dès la première scène les raisons de sa réclusion. Un choix raisonné qui aura pour conséquence une vie morne, rythmée par les disputes quotidiennes avec sa gouvernante. Puis un beau jour il se voit convoqué à Lund pour une cérémonie en l’honneur de sa longue carrière de médecin. Il prendra la route avec Marianne, sa belle-fille, qui la confrontera aux choix de vie qui les séparent tout deux.

Les fraises sauvages se poursuit ensuite comme un road movie. Entre rencontres réelles et imaginaires. Sur le chemin de Lund tout comme sur le chemin de sa propre vie. Confronté à ces anciens amours. A Sara, à qui il faisait une cour érudite, mais qui sauta dans les bras de son frère par manque de tendresse. A sa défunte femme qui le trompa avec un homme qui était son opposé, le tout avec une froideur et une indifférence glaçante. Chaque rêve ne cesse de confirmer l’incapacité d’Isak à comprendre le désir des personnes qui l’entourent.
Une mort passive, une analyse en forme de regret qui va le pousser à porter une nouvelle vision sur sa vie, en se nourrissant des expériences d’autrui.

Bergman puise dans les plus grandes craintes de son personnage, narrant avec une fluidité presque déconcertante un voyage introspectif pour le moins touchant. Et il n’en fallait pas plus au réalisateur suédois pour conclure son film sur un moment lumineux, nostalgique, emplit de tendresse et de naïveté. Un dernier voyage en bateau vers une destination inconnue. Un présent désormais lumineux.