Les Frissons de l’angoisse s’ouvre sur l’un des cours de jazz donné par Marcus à ses élèves du conservatoire. À la fin du morceau, celui-ci, bien que saluant la performance de ses disciples, soulignera un point important : leur musique est « trop bien » et « trop formelle ». Comme une éloge de l’imperfection introduite d’entrée de jeu, ce postulat de départ pourrait sembler contradictoire au regard des penchants, formalistes justement, que l’on attribue en général au giallo italien, dont Dario Argento est l’une des figures historiques aux côtés de Mario Bava et Lucio Fulci. Penser brièvement au giallo révèle cette contradiction : on finit par apercevoir, systématiquement, les mêmes formes et les mêmes images qui reviennent sans cesse : un couteau, du sang, un tueur, des corps érotisés, des acrobaties pyrotechniques ou des lumières toujours vives et contrastées (qu’elles soient en couleur ou en noir et blanc). Mais on les « aperçoit » seulement parce que, justement, ces images et ces motifs ont eu tendance à se noyer dans leur propre omniprésence. Ils ont fini par devenir des tics iconiques prenant le pas sur tout le reste : la variété des situations, des récits, des personnages, de leurs personnalités. Bref, tout ce qui s’exprime autrement que par la seule virtuosité stylistique.
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