Si l'on dit souvent de Brian DePalma qu'il est un cinéaste obsédé par les images, l'observation et le regard (Body Double, Dressed to Kill, Snake Eyes, ...), les Gialli (?) de Dario Argento, dont Profondo Rosso (titre original), me semblent également relever du même intérêt (peut-être une influence de l'un sur l'autre, ou mutuelle ?).


Prises de vue à la première personne, caméra peeping tom & plans séquences voyeuristes, on retrouve un peu le bingo DePalma. Donc si ses films vous plaisent, foncez tête baissée.


Ce que je trouve fascinant avec ce film et quelques autres d'Argento (L'oiseau au plumage de cristal), c'est le questionnement lié à la fiabilité de l'oeil et à la construction des images: est-ce que je peux faire confiance à l'image qui s'offre à moi ? L'interprétation que je fais d'une situation est-elle la bonne ?


Sans spoiler quoi que ce soit, il y a dans ce film une scène filmée selon le POV du protagoniste que celui-ci revit sans cesse, jusqu'à ce que ce souvenir l'obsède. Quelque chose de pas net qui le tarabuste, l'effraie. Le même outil de mise en scène est utilisé dans L'oiseau au plumage de cristal (et Ténèbres dans une moindre mesure) et j'avoue que ça me parle complètement. Entre répétition et dé-construction de l'image, Argento arrive à me mettre dans un état où je n'en mène pas large.


Rien que pour ces séquences, je dirais que ces films valent le coup. Le reste est également assez incroyable. La quête de la vérité (on est la plupart du temps sur des histoires de meurtre) chez Argento se traduit souvent par une enquête sur le mal, son origine et les traces qu'il laisse sur son passage (dont, dans ce film, l'exploration d'une maison en ruines qui ne laisse pas de marbre).


Seul bémol, cette quête de vérité frise parfois l'écriture à la "rubber ducky school of drama" chère à Sidney Lumet, mais je pense sincèrement que le jeu en vaut la chandelle.

Draiv
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le 7 janv. 2019

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