"Je sens la mort autour de moi. Je perçois la présence de l’esprit du Mal. Je sens en moi des ondes perverses, le meurtre et le sang. Allez vous-en ! Vous, vous avez tué et vous tuerez encore. Il y a un enfant qui chante, qui chante dans cette maison…" - Extrait des "Frissons de l'Angoisse"

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Ce que je retiens le plus dans "Les Frissons de l’Angoisse" , c’est l’atmosphère pesante et malsaine, qui représente graphiquement à merveille, l’esprit torturé du meurtrier ganté de noir.

"Les Frissons de l’Angoisse" est un film marqué par la thématique de l’enfance brisée, dès le début du film. La musique, une balade, est omniprésente et est d’ailleurs la marque du tueur.

Marcus Daly (David Hemmings), le héros du film, est un pianiste dont on ne sait rien, ce qui est forcément un choix délibéré du réalisateur. Tout ce que l’on sait de lui est directement lié aux meurtres et ne sert que pour faire avancer l’enquête. De ce point de vue, on peut dire que Dario Argento a joué la carte de l’économie. De retour d’une soirée, il croise sur son chemin un de ses amis, prénommé Carlo (Gabriele Lavia), également musicien. On sait de lui qu’il travaille dans un bar situé juste en bas du domicile de la première victime. C’est à cet endroit qu’a lieu la rencontre fortuite des deux hommes. Carlo est ivre et tient à peine debout. A ce moment, un cri de mort se fait entendre. Juste sous leurs yeux, ou plutôt à une fenêtre de l’immeuble qui les surplombe, Carlo et Marcus voient une femme se faire poignarder puis sa gorge est tranchée par le tueur. Marcus se précipite à la rescousse de la victime mais arrive trop tard sur les lieux. Plus tard, l’on apprend qu’il s’agissait en fait d’une de ses voisines et qu’il vit à l’étage au-dessus.

Dario Argento reprend une des ficelles de « L’Oiseau au plumage de cristal » qui est le détail oublié. En effet, Marcus se souvient d’une chose qui a frappé sa vision au moment où il a pénétré dans l’appartement la première fois mais qui ne s’y trouvait pas la fois suivante. Toute l’intrigue du film repose là-dessus. Mais il ne s’en souviendra que bien trop tard pour les victimes suivantes.

Aidé dans son enquête par une jeune journaliste, Gianna Brezzi (Daria Nicolodi), Marcus se lance sur les traces du tueur qui désormais, a juré d’avoir sa peau. On découvre, à travers l’itinéraire de Marcus, l’univers torturé et terriblement malsain de ce meurtrier atypique jusqu’à découvrir sa cachette secrète. Mais arrivera-t-il à en sortir vivant…?

Au contraire de la vie personnelle des personnages, on peut dire que Dario Argento livre à ses spectateurs une foison d’indices ! Il y en a tellement qu’il est très très difficile de deviner l’identité du tueur. Le héros est lui aussi induit en erreur par la multitude de pistes qui s’offrent à lui. Disons qu’il confond vitesse et précipitation car son implication dans l’affaire détermine également sa durée de vie. Étant directement menacé par le tueur, il a intérêt à remporter la partie de chasse.

On retrouve encore une œuvre picturale (à défaut d’être une œuvre d’art) au cœur de l’action, comme dans « L’Oiseau au plumage de cristal » et dans « Le syndrome de Stendhal ». Il s’agit ici d’une fresque apparemment dessinée par un enfant et qui décrit un meurtre au couteau…

Bien que ce film fasse partie de mes préférés du genre, je suis un peu restée sur ma faim avec le dévoilement du tueur. J’aurais aimé que la réalisation s’attarde un peu plus sur les motifs des meurtres ainsi que sur le parcours psychologique de l’assassin.

En conclusion, « Les Frissons de l’Angoisse » est un film génial, que j’ai toujours beaucoup de plaisir à voir. Il n’a pas pris une ride et sa réalisation est intemporelle. Si vous aimez mener des enquêtes certes policières mais avec une énorme composante psychologique, vous allez passer un excellent moment !
Corinne_Tamarins
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le 23 déc. 2014

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