Les Garçons et Guillaume, à table ! par Hugo Harnois
Un sous-genre cinématographique est né : le film auto-psychanalyse. Grâce à l'art, nous pouvons accoucher de nos plus grandes peurs, guérir des douleurs insondables et découvrir notre « moi » caché quelque part dans notre inconscient. Guillaume Gallienne l'a fait il y a cinq ans sur les planches. Pour notre plus grand bonheur, il adapte cette pièce de théâtre sur grand écran en retraçant sa jeunesse, sa relation avec sa mère et son rapport à la sexualité.
Alors que son passé est loin d'être drôle (relation difficile avec son père, pensions, crise identitaire), le sociétaire de la Comédie Française fait passer tout ce qu'il a vécu sous le ton de l'humour. Un humour de bon goût qui fait mouche à chaque fois. Non pas parce que l'auteur surcharge son film de gags faciles et inutiles en tout genre, mais car il arrive à trouver la justesse dans chaque situation a priori excessive. Le public se laisse transporter par un sens du rythme indéniable et sans temps morts, doublé d'une bande son originale et attractive.
En plus de proposer une œuvre comique singulière et ne ressemblant à aucune autre, Gallienne montre sa grande intelligence en ayant pleinement conscience de soi et en assumant ses (faux) problèmes. La meilleure idée des Garçons et Guillaume, à table ! est la suivante : celle d'interpréter soi-même sa propre mère. D'une part, il prouve à tous ses fabuleux talents de comédien. D'autre part, il se donne tout entier à la pellicule en partageant son intimité de manière à la fois sensible et réfléchie.
La scène introductive réussit brillamment à poser toutes les bases du film. Le cinéaste observe son reflet à travers un miroir, cette sorte de double identitaire que nous avons tous. Puis il se lève et parcourt un dédale de couloirs, symboles de souvenirs inconscients qu'il va falloir faire resurgir pour en finir avec le passé. Il se présente enfin sur une scène, face à un auditoire invisible. En se mettant en scène de cette façon, Guillaume Gallienne annonce ses futurs confessions et revient là où cette belle histoire à commencer, au théâtre.
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