Une découverte intrigante de prime abord, qui devient de plus en plus fascinante à mesure que les plans se succèdent dans une rêverie troublante et tendancieuse. Il est certain que le premier long métrage de Bertrand Mandico affiche sa singularité dès les premiers plans : une sorte de croisement entre les images oniriques d'un Guy Maddin et les visions saturées, sexuées d'un Derek Jarman... Nous sortant d'emblée de notre zone de confort Les Garçons Sauvages est un conte vénéneux volontairement insituable, laissant le sentiment d'une boucle nébuleuse si l'on se place du point de vue strictement narratif.
Formellement le film est d'une audace et d'une beauté désarçonnantes : jouant sur les plans rapprochés et les symboles suggestifs Mandico parle, entre autres choses, de perversions et de métamorphoses ; l'outrance de certaines séquences évoque de manière dérangeante l'horreur orgiaque de Singapore Sling... La trame initiale rappelle quant à elle le classique de William Golding Sa Majesté des Mouches, mâtinée d'un soupçon du Maître des Illusions de Donna Tartt... Dense et déroutant Les Garçons Sauvages n'échappe pas toujours à la provocation parfois gratuite mais s'avère si ravissant dans ses choix de mise en scène et sa lumière composite qu'il finit de nous convaincre sur la durée.
L'un des films les plus audacieux de ce début d'année 2018, qui détient sa propre identité cinématographique tout en digérant intelligemment ses sources d'inspiration. A voir vierge de toute information si possible, tant la dernière demi-heure surprend, sidère et interroge comme peu d'autres films actuels. Troublant.