Pourquoi c’est bien ?


Parce que James Gunn.


Réalisateur/scénarite/acteur/producteur/écrivain/directeur de la photographie/couteau suisse humain ayant commencé chez Troma (boîte de production américaine spécialisée dans les films gore et fun à petit budget) ayant fait un peu tout et n’importe quoi ; de la web-série PG Porn (du porno sans sexe, CULte) à la comédie horrifique trash Horribilis en 2006 tout en commettant les scénarios de Scooby-Doo 1 et 2. Un bonhomme doué touche à tout qui se caractérise surtout par une écriture comique, apportant recul et autodérision à chaque genre qu’il aborde.
Lui confier un projet à 170 millions de dollars c’est le même genre de pari fou qu’avait fait Disney en 2008 en confiant le rôle d’Iron Man, un milliardaire au caractère sombre, alcoolique et hanté par la mort de ses proches, figure presque mineure de l’univers Marvel, à Robert Downey Jr.


Ici le résultat est comparable, réécrivant le background de tous ses personnages (mis dans la même équipe en 2008, et honnêtement, il y a un an qui connaissait les gardiens ?) et donnant à Chris Pratt, un acteur plutôt calibré pour les comédies romantiques, le rôle-titre dans lequel on n’arrive plus aujourd’hui à imaginer quelqu’un d’autre ; le film arrive à faire souffler un vent de fraicheur bienvenue sur la phase 2 des films Marvel (entre Avengers 1 et 2). Bien que l’univers de SF présenté soit inédit mais pas vraiment original (la nuance est fine), le film est indéniablement un grand moment de divertissement. Le scénario possède la même force que celui d’Avengers : chacun des protagonistes réussit à dégager sa propre personnalité et a son importance dans l’histoire.


Pourquoi c’est VRAIMENT bien ?


Parce que James Gunn.


Parce qu’il a rempli le film jusqu’à l’os de bonnes idées, parce que Rocket Racoon (le raton laveur avec un gros flingue, CQFD) annoncé comme un sidekick rigolo se révèle être un personnage à part entière, parce que Groot permet des petits moments de poésie surprenant dans un blockbuster de ce calibre, parce que l’équipe des gardiens fonctionne et est très attachante, parce que la bande-son très tarantinesque est intégrée avec génie dans le scénario, parce que l’esthétique pastel colorée fonctionne à merveille, parce que je pourrais dire du bien pendant encore longtemps de ce qui est pour moi le deuxième meilleur blockbuster de cet été (étant profondément tombé amoureux d’Edge Of Tomorrow, je ne suis peut-être pas d’une objectivité totale sur cette dernière affirmation).


Les points négatifs : il y en a quelques-uns, principalement des faux raccords (des personnages blessés au bord de l’agonie qui se portent comme un charme le plan suivant, des petits anachronismes de la part de Star Lord, censé avoir été enlevé en 1988) mais surtout ce qui selon moi est à la fois la plus grosse limite du film et paradoxalement une des seules raisons m’ayant poussé à aller le voir : son appartenance à l’univers Marvel.


En effet, en soi les gardiens, annoncés via les scènes post générique de Thor 2 et Avengers, n’est qu’une passerelle vers Avengers 3 prévu pour 2018 (et teasé dès Thor 1, en 2011 !). Le scénario repose donc sur un MacGuffin (= un objet mystérieux convoité par les méchants et les gentils, prétexte pour construire une histoire autour de sa poursuite) dont l’importance apparaîtra banale aux lecteurs de comics mais quasiment incompréhensible à ceux qui ne savent pas déjà de quoi il s’agit. Le film, en sa forme actuelle, aurait mérité d’être un spin off ou un stand-alone plutôt que d’être inséré dans l’univers cinématographique Marvel qui condamne déjà nos gardiens à affronter ici un méchant pathétiquement cliché (son objectif : tout détruire, pourquoi ? parce que) dans le seul but de préparer Thanos à se prendre un Hulk dans la face. Alors qu’il aurait été tellement plus jouissif de voir cette équipe de chasseurs de primes chaotique bénéficier de leur propre trilogie épique.


Toutefois ce Space-Opera décomplexé est le seul film Marvel à réellement avoir une personnalité qui ne se dégage pas uniquement du charisme de ses personnages, mais surtout de sa réalisation. Plus important, ce film a réussi à titiller le fan de SF décomplexée années 80 en moi que la prélogie Star-Wars avait failli faire disparaitre.


À propos de la bande-son d’ailleurs, au sommet des ventes US, au moment de sa sortie, elle met en avant Hooked On A Feeling, déjà utilisé au cinéma par Tarantino dans Reservoir Dogs, reprise du groupe Blue Sweede encore reprise plus tard dans un clip mémorable (ou pas) de David Hasselhoff ; acteur qui incarna Nick Furry dans un film de 1999 (avant de crier au scandale, jeune fan de Samuel L. Jackson, sache que le personnage de Fury est un new-yorkais blanc au physique assez proche d’Hasselhoff, toutefois ça ne rend pas le film moins mauvais ). En parlant de vieux films Marvel, on peut noter que la scène post générique (signature de la franchise) fait intervenir un personnage oublié qui eut son propre film, un des plus grands échecs commerciaux de l’histoire du cinéma qui obligea son producteur, George Lucas, à vendre sa division spécialisée en effets spéciaux : Graphics Group à Steve Jobs qui la renommera PIXAR. Le reste, c’est une autre histoire.


Critique issue de http://cinematogrill.e-monsite.com/articles/seance-de-rattrapage/les-gardiens-de-la-galaxie.html#qzIuyU8C2qWXWR9L.99

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le 25 nov. 2015

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