Bon, tout le monde a déjà tout dit... Tant pis, j'avais qu'à regarder la fiche avant, je me suis pas fais ch... pour rien... Mmh.

Donc...

C'est vrai que c'est une ambiance de BD à la con mais je l'avais déjà vu comme ça avant avec cette atmosphère, cette façon maniérée de présenter les choses, cette forte propension à étendre le moindre fait à l'infini, ces bandes toutes plus ridicules les unes que les autres, ces jeunes qui ne savent pas jouer, en passant, les jeunes qui marchent en frimant dans des fringues 80s, ça ne fait plus vibrer personne... Et la majeure partie du film concerne tout de même des poses lancinantes de jeunes habillés tous pareil par bande de potes.

C'est terriblement binaire puisque les Warriors sont les plus purs, et les plus métissés aussi, alors que les méchants petits débiles blancs tout nazes et tout dégueux tuent le Dieu leader noir Cyrus et font des bêtises parce que ça leur plaît selon les dires de leur chef, David Patrick Kelly qui cabotine comme un forcené.

Mais il reste toujours cette ambiance unique qui rend ce film beau. C'est un peu le Breakfast club des enfants de New York 1997. Il demeure une violence métaphorique magnifiée par un ton quasi religieux qui enrobe chaque plan fixe de jeunes. Le message transpire : si tu fais n'importe quoi, fais-le au moins avec une conscience. Swan, le cygne, la pureté faite chef de guerre montre l'attitude à adopter :
http://tinyurl.com/oejq2hq
C'est l'unique tête qu'il fait mais il la fait super bien. Il sait pertinemment que James Remar est un gros con mais il sait aussi que c'est un membre des Warriors et se retient parce qu'il est pur.

Si tous ne jouent pas bien ou si la plupart joue mal plutôt..., il reste Deborah Van Valkenburgh qui joue Mercy et cimente finalement les Warriors malgré ses lèvres botoxées naturelles. Il y a notamment un beau passage où Swan et Mercy s'embrassent sur les rails, la nuit avec les lumières du métro crissant qui passe juste derrière, écho au warrior tué par la police, et ce passage gros comme un camion des deux jeunes couples bourgeois qui sortent d'un rallye en s'esclaffant et s'installent face à Mercy et Swan qui sortent d'une nuit autrement plus âpre et mémorable. Il se dégage une certaine poésie qui grandit dans la dernière partie sous le lit de toutes ces scènes beaucoup trop scriptées pour être honnêtes.

Warriors ne se regarde pas pour ce qu'il affiche, sa violence et ses batailles de gangs mais pour l'ambiance d'ados paumés et fantasmés qui courent dans la ville et le métro toute la nuit. Beaux plans lors de la course poursuite des Batteurs dans le parc, nombreux beaux plans du métro.

Après la merveilleusement clichée grande scène de l'assassinat de Cyrus en plein meeting de tous les gangs réunis pour envahir la ville (?!), ou alors serait-ce rentrer chez soi et posséder la rue (??), ou marcher tous ensemble contre la police (?), les bandes se mettent soit disant à la poursuite des Warriors accusés à tort.

Les bandes, parlons-en. Les Skins tout d'abord :
http://tinyurl.com/pjnwkbu
Ils sont là pour faire sentir une vraie menace au départ de la traversée de la ville. Ce sont les plus violents mais n'arrivent même pas à rattraper nos stars du sprint en camion. Passé cette « menace », le vrai visage du message intrinséquement John Hugues se dévoile. Tout d'abord les Orphans :
http://tinyurl.com/o93orub
Et leur chef, c'est le mec à droite...

Ensuite les lizzies :
http://tinyurl.com/pmlqkmo
Avec deux flingues à bout portant dans le dos, elles ne touchent rien... Elles ferment leur porte à clef et Cochise la défonce en fonçant dedans. Ridicule.

Puis les batteurs :
http://tinyurl.com/nquwyuz
Des lopettes avec un bon sens de la communication visuelle.

Et enfin les salopettes :
http://tinyurl.com/o77l2kf
On en rit d'avance en voyant leur leader slalomer dans les couloirs du métro en rollers.

Mais miraculeusement à ce moment précis, cela redevient violent comme lorsque le flic a tué un Warrior ou lorsque Cyrus s'est fait tiré dessus. La porte des toilettes verte avec marqué MEN en stencil devient un marqueur dont l'ouverture est attendue sur une musique Carpenterienne qui s'élance.

Walter Hill aurait pu mettre plus de violence tout le long comme lors de cette dernière bagarre dans les toilettes pour hommes mais il lui fallait davantage donner des repères à son jeune spectateur paumé. Et pour cela, rien de telles que ces bandes. Les orphelins sont ceux dont on se moque, les Lizzies sont les salopes, les batteurs sont les artificiels qui n'ont rien à faire dans la rue. Seules les salopettes rééquilibrent le champ de la violence pour marquer plus profondément le final à suivre qui t'enseigne le mot respect.

Et rien de telle aussi qu'une bouche de black pulpeuse en gros plan qui susurre au micro d'une radio pour enrober tout ça. En passant, un mec qui frime dans la rue avec un ghetto-blaster, ça ne fait plus non plus vibrer grand monde.

Tout ça, c'est basique et caricatural. Mais ça marche quand même. Ça forme une identité jeune, des repères générationnelles presque.

Ce n'est pas tant les échauffourées mais leur mise en route esthétique qui ravît toujours le regard aussi. C'est toujours bien filmé, chaque plan respire le début des 80s nocturnes, les gares de métro vides sont des personnages à part entière tout comme le métro, la BO colle à merveille, les vestes des Warriors finissent même par redevenir mythiques tant le film est constant dans sa démarche assumée de faire une oeuvre culte qui lance en beauté les années 80.

Ce film a quelque chose d'indéfinissable qui le rend uni.
drélium
8
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le 11 juin 2013

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drélium

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