(Spoilers)

Andreas Werckmeister est un musicien allemand du XVIIème siècle qui a mis au point le système de tempérament inégal, un compromis au niveau de l'échelle des notes permettant d'accorder les instruments de la meilleure manière possible. Ou plutôt, de la manière la "moins fausse" possible, pour se rapprocher de la consonance parfaite, une certaine quête de l'absolu. Il est surtout évoqué ici dans le monologue de György Eszter, un vieux musicien respecté de la bourgade hongroise où se déroule le film. Mais cet épisode constitue un symbole à la portée bien plus générale, un lien entre les éléments du scénario très fragmenté, soutenant une dominante métaphysique très travaillée.

Un cirque ambulant arrive en ville, les affiches préviennent de la présence de "la plus grande baleine du monde", ainsi que celle d'un mystérieux Prince. Soit. La rumeur se répand assez vite, les habitants sont inquiets, ils ont peur de cette chose qu'ils ne connaissent pas. Ils sont assez peu habitués au changement, à vrai dire. Mais cette nouveauté les intrigue, et la foule se rassemble autour de l'attraction. János Valuska, le personnage central, sera le premier à pouvoir contempler l'animal mort. Il sera émerveillé par l'expérience, conformément à son optimisme quasi naïf et sa confiance en la nature humaine, son respect profond pour les choses divines. Mais la fascination du peuple pour la "chose" vire à l'obscurantisme. Le Prince, une sorte de créature intrigante qui n'apparaît jamais directement à l'écran, s'érige de façon quasi sectaire face à une foule acquise à sa cause. S'en suit une séquence apocalyptique, où les hommes sont guidés vers la destruction, comme des pantins sans âme. La marche monumentale vers cet hôpital (asile ?) fait clairement office de "calme avant la tempête". Au fil des minutes, le film se rapproche d'un certain aspect spirituel, de sa profonde nature fantastique.
Acco
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le 5 janv. 2011

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