Parfois l'histoire d'un pays, l'image qu'en retiendra la postérité, ne tient qu'à peu de chose. La force d'une poignée d'hommes, les choix les plus moralement difficiles envers et contre tous, transforment le destin d'un peuple entier.
Winston Churchill, fraîchement nommé premier ministre de grande Bretagne, se trouve face un dilemme morale extraordinairement terrifiant, lorsqu'il doit choisir entre la survit de son peuple, et la soumission face au fascisme.
Joe Wright nous offre un Churchill remplit de doutes, tiraillé, torturé, alcoolique, colérique mais qui ne fléchira jamais au vu de ses principes et dont les talents orateurs exceptionnels seront sublimés par une mise en scène et une musique éloquente. Les scènes sont superbement reconstituées, la musique quoique pompeuse, à propos vis à vis des enjeux, des acteurs excellents. Churchill à la fois drôle, terrifiant, intelligent et déterminé est justement interprété par un Gary Oldman méconnaissable (attention oscarisable!). Les décors sont réalistes et splendides, j'ai particulièrement apprécié les scènes de Westminster, remplies d'hommes en noir, brillants et survoltés. On regrettera le rôle (quoique possiblement concordant avec les faits) de Kristin Scott Thomas effacée, bien rangée, et celui de Lily James servant de témoin et de prétexte afin de mettre en place une intimité avec Churchill. Ces femmes tendent à témoigner du côté humains du personnage mais de manière peu subtile selon moi.
Le manichéisme est là, femme homme, noir blanc, riche, pauvre, peuple, hommes de pouvoirs, Nazis, Anglais, en arrière plan et pourtant aucuns personnages n'est caricaturale, aucune situation n'est simple. Tout est en contraste, les idées des personnages évoluent au cours du film (Roi Georges VI, Churchill, politiciens...)
L'émotion, la tension sont au rendez vous.
Un instant de l'histoire extrêmement intéressant à développer avec un parti pris pour un Churchill contrasté, nous faisant partager ses doutes et les épreuves auxquelles il doit faire face.
Sans jamais sombrer dans le manichéisme, ce film nous offre une allégorie remarquable, symbolisée en un seul homme, de la lutte pour ses idéaux.

RoideTrêfle
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le 4 janv. 2018

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