Kaboul. 1998. Les talibans. La charia. La liberté. Les femmes. S'il y a bien une chose particulièrement pathétique dans l'Histoire, c'est la régression des esprits des Hommes. Un monde parfois plus ouvert hier (ici Kaboul), se retrouve du jour au lendemain acculé sous le coup de la charia mené par les talibans et les mollahs. L’accès à l'art, l'accès à la connaissance et tout simplement la liberté deviennent de lointains souvenirs pour être remplacés par une violente répression.
Ceci est le point de départ du film d'animation Les hirondelles de Kaboul racontant le destin croisé de deux couples, un jeune et un vieux, dont les vies sont bouleversées. L'animation y est plutôt sobre, en toute cohérence avec son propos. Le spectateur voyage au travers de tableaux lumineux, contradiction aussi déroutante que logique. La distribution vocale renforce le caractère des personnages.
Cependant, le film de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec déçoit beaucoup. L'oeuvre est en constant survole de son sujet, ne se concernant ainsi que sur des détails de background, certes importants, mais ne permettant jamais au récit de se développer. Le film ne raconte pas son sujet ou ses personnages. Les quatre protagonistes, à l'exception d'un, ne font office que de prétextes pour rester concentrer dans l'esprit d'un seul. Ainsi, toutes les tentatives de retournement de situation, d'action forte, de choix irréversibles, ne servent eux aussi que de simples anecdotes dans la linéarité du récit. L'émotion devient rare. Le spectateur comprend que c'est dur, que c'est violent, mais la réalisation et ses choix narratifs n'offrent presque aucunes possibilités d'être touchés sans faire de cheminement intérieur fabriqués. Contre productif pour un sujet aussi sensible.
Les hirondelles de Kaboul réussit à informer, à soulever d’intéressants sujets, mais échoue à construire de solides émotions dans sa partie cinématographique. Là où ce film d'animation est une leçon d'Histoire de belle facture pour les enfants (bien qu'encore trop violent pour les plus jeunes), il est un simple long-métrage bien fait, mais sans attraits particulier pour les adultes.