Les Hirondelles de Kaboul est avant tout un choix artistique. Celui d’opter pour la douceur de l’animation à la main et l’opposer à la violence qu’exprime le roman de Yasmina Khadra.
Un choix d’une beauté intemporelle. L’aquarelle donne une empreinte unique au film de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec, le dotant de plans splendides et épurés. Il en résulte une œuvre riche et éblouissante qui contraste avec la dureté et l’horreur du régime taliban qu’elle décrit.
En transcrivant au pinceau les mouvements réels d’acteurs aussi solides que Simon Abkarian ou Swann Arlaud (le projet était à l’origine prévu en live), Les Hirondelles de Kaboul touche un rare degré d’incarnation. C’est une pleine réussite plastique, une merveille graphique, qui est d’autant plus pertinente qu’elle dénonce un état qui condamne toute forme d’art. La beauté épouse ici l’effroi.
Le récit suit deux couples dont les destins vont se croiser, un geôlier et sa femme malade et deux jeunes idéalistes avides de liberté. Le geste dramatique et incompréhensible de l’un d’entre eux va avoir des conséquences dramatiques. Ce récit poignant bien qu’un peu simpliste par moment est un socle solide pour Les Hirondelles et le situe aussi bien sur le territoire de l’intime que politique. Sans vraiment nous apprendre plus que l’on ne savait déjà, c’est un nouveau témoignage important, un nouveau discours d’émancipation contre l’intégrisme et l’obscurantisme. S’il n’évite pas quelques longueurs, son impact est fort et résonne longtemps. Un geste artistique peu commun.

Thibault_du_Verne
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le 11 sept. 2019

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