Après un passage par la légèreté avec le très agréable "Gemma Bovery", Anne Fontaine s'attaque à un sujet plus lourd : la situation des polonais au sortir de la guerre avec l'exemple d'un couvent, attaqué par les russes et ayant laissé ses occupantes enceintes et traumatisées, qui fait appel à un médecin français pour les aider. La première chose qui frappe devant ce film est clairement sa beauté plastique. Cet aspect visuel tout bonnement splendide est le fruit du travail de Caroline Champetier qui livre ici une photographie exemplaire, à base de clair obscur magnifique et d'image de décor enneigé à la fois angoissant et tellement beau. A côté de cela, le film ait le choix de la lenteur, offrant au film un calme pesant mais finalement assez reposant en tant que spectateur. On est pris à la gorge par cette histoire et on est porté durant les 115 minutes avec un plaisir non dissimulé. En bref, pour peu que l'on adhère à un rythme assez lent, le film ne peut que convaincre tant tout semble maitrisé ici.
Côté acteur, si le jeu de Lou de Laage décontenance au premier abords, on est vite charmé par son personnages. Face à elle, Vincent Macaigne est toujours aussi bon, confirmant si il était encore nécessaire, qu'il est l'un des meilleurs acteurs français actuel. Pour ce qui est des soeurs du couvent, le constat est le même, et la justesse du jeu de l'ensemble est des plus agréable.
Au final, "Les innocentes" est un film qui, par son rythme surtout, risque de décontenancé certains. Mais pour peu que l'on adhère, on se retrouve face à un film esthétiquement splendide et scénaristiquement passionnant. Une très bonne surprise.