Plus qu'une réalité romancée, Les Invisibles a ce pouvoir de laisser une trace après son passage. Un rappel à l'ordre sans filtres, qui s'efforce tant bien que mal de lever le voile sur un sujet de société. Un choix incarné par de multiples parcours de vie entrecroisés. Car c'est bien grâce à eux que Jean-Louis Petit parvient à contenir le spectateur.
Et c'est en se concentrant sur cette dizaine de personnages que la trame narrative fonctionne. Tantôt criminelle repentie, tantôt femme au foyer occupant ses journées, ou encore ancienne psychanalyste narcoleptique, chaque personnage semble occuper une place à part égale dans un récit millimétré.
Une limite certaine dans cette analyse, celle d'accorder davantage de place à une Audrey Lamy larmoyante, quoique très surprenante dans ce rôle. On reste toutefois béat devant ces autres regards, emplis de vitalité, que sont ceux de ces "invisibles". Un focus, très bien dosé, qui n'implique à l'action aucun essoufflement. Procédé à mettre en parallèle avec le Polisse de Maïwen (2011), où le spectateur est porté par l'intrigue grâce à l'ensemble des personnages et la justesse de leur temps de présence à l'écran. Avec pour finir la même impression : on en redemande.