Si Bad Boy Bubby était un plat, il serait très bon pour la santé, mais infâme en bouche. S'il était une boisson alcoolisée, il ne ferait que piquer la glotte, alors que son nectar est divin et incroyablement enivrant. Vous l'aurez compris, ce film est une beauté fatale. C'est aussi à la fois un choc, et une prouesse visuelle à lui tout seul. Et il peut l'être.
Parler de sexe, de meurtre d'inceste, de viol, de violence et de et d'hostilité au monde, le tout par le regard candide du personnage principal...le meilleur moyen de passer les théories freudiennes au rouleau compresseur. Bubby est donc cet être amené à découvrir le monde comme bon lui semble, sans en connaître les conventions. Une émancipation féconde. Et tout cette différence au monde qui l'entoure est analysée avec une humanité qui ferait passer un Frankenstein pour l'Ours Paddington. Car l'un comme l'autre de ces personnages découvrent un monde qu'ils ne connaissent pas, celui de nous autres, pauvres mortels.
Ce qui frappe n'est pas seulement la trame narrative, ces plans, son histoire extrêmement bien amenée. Il est aussi d'une ingéniosité difficilement inégalable. En démontre les micro et la prise de son utilisée pour ce long-métrage. Tendez bien oreille, le perche-man du film n'a pas eu à se fatiguer les bras. Les micros étant directement implantés dans un moulage en silicone sur le crâne de l'acteur, cette installation ne fait que renforcer l'accompagnement de Bubby dans son périple. Le spectateur est en effet directement immergé dans son quotidien, son ressenti, et ses interactions avec l'extérieur. Comme le sentiment de plonger à l'intérieur de l'oeuvre, avec un constat final : difficile d'en sortir.