Sur le papier c’est formidable: Alan Rickman, Mathias Schonaerts, Kate Winslet + Versailles en construction + romance exacerbée = banco!
En vrai c’est déjà moins ça:
les acteurs sont bons, ça c’est indéniable, surtout Alan Rickman même s’il essaie de se mettre en retrait, le peu de texte qu’il s’arroge lui va comme un gant.
Ce serait un peu moins vrai pour Mathias Schonaerts qui doit incarner un Le Nôtre dont on peine à comprendre le génie. Et on rame d’autant plus que l’écart d’âge avec Louis XIV est totalement inversé, et ce bon André un peu trop beau pour le rôle.
Kate Winslet s’en sort bien, mais elle incarne un personnage fictif, malheureusement assez mal écrit: tantôt discrète puis très directe avec les femmes de la cour, et pénible quand elle sort une diatribe sur les fleurs devant le roi (là on a envie de lui mettre des baffes - vraiment)..
Le problème ne vient pas des acteurs mais de l’écriture: le scénario, les dialogues, les personnages, tout est assez maladroit.
On a bien par moment un petit éclair, un passage qui sort du lot, mais c’est bien peu.
Et puis le gros gros défaut, c’est qu’on voit bien peu l’ampleur de la tâche: on ne s’attache qu’à un bosquet, et ça le met en avant, ce qui est une bonne chose, mais on oublie presque que c’est l’arbre qui cache la forêt (même si Le Notre essaie de le faire comprendre à cette brave Kate).
Dans la même veine, c’est assez perturbant quand on connait les vrais lieux, de ne pas reconnaitre des châteaux cités: Fontainebleau a l’air d’une banale maison de campagne, et le seul plan de Versailles vu du ciel semble trop faux pour qu’on adhère.
Si le tout était porté par une histoire bien ficelée, on saurait passer au dessus de la plupart des défauts, mais là aussi ça pêche (aux coquillages comme le bosquet).
L’intérêt de créer un personnage fictif c’était de livrer une belle histoire de la femme forte et farfelue qui vient se confronter au génie rigide de Le Nôtre et de faire naitre des étincelles de cette confrontation. Le problème c’est que certaines scènes sont coupées au sécateur et qu’on a du mal à voir l’intérêt de ces choix. Sans parler d’un passage pluvieux assez illisible parce que trop sombre (et trop long).
Bref c’est plein de petites maladresses qui additionnées commencent à faire beaucoup.
heureusement qu’on nous parle de jardins, de romance, et vaguement d’histoire de France servi avec des minois assez agréables.
PS: je ne compte pas au nombre des défauts le fait que ce soit joué par des étrangers au lieu de bons français bien de chez nous, parce qu’après tout si le cinéma devait se cantonner à chaque fois à son propre pays, on aurait pléthore de super héros américains - ce qui n’est absolument pas le cas actuellement….. ou si peu!