Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite).


Karine Viard campe une femme dont la jalousie maladive va animer le film, ça impose de forcer un peu le trait, mais pas la peine d’en faire des tonnes non plus: le spectateur arrive parfaitement à saisir le personnage. Ouai parce qu'en fait il lui arrive d'être un peu moins bête que prévu au spectateur. C’est même plus facile pour lui d’y croire quand il a l’impression qu’il pourrait croiser l'héroïne dans la rue.


Du naturel, c’est ce qui semble parcourir le long métrage, c’est ce que les comédies oublient souvent de créer, et c’est ce qu’on est heureux de trouver ici.
Pas de grandes envolées, pas de super-morale de l’histoire, mais des moments choisis, des épisodes où on nous montre comment on peut se perdre dans sa crise de la cinquantaine.


Evidemment l’histoire est exagérée et certains traits de caractère forcés, mais juste assez pour donner au film un aspect de comédie, et suffisamment peu pour éviter de tomber dans quelque chose de gras.


Les acteurs contribuent beaucoup à ce climat presque familier, et ça fait un bien fou.
Karine Viard est excellente comme souvent, mais ceux qui l’entourent sont globalement au niveau (sauf peut-être son ex-mari qui est moins convainquant).


Même sur la fin, quand on imagine qu’on va retomber sur nos pieds et qu’on pense savoir comment tout va être résolu, rien n’est aussi beau et simple qu’on pourrait le croire: la relation mère/fille est joliment travaillée.


Jalouse est donc une bonne surprise, une petite comédie sans éclats de rire, sans crise de larmes, mais parsemée de moments vrais et quelquefois jubilatoires.


Le tout en ne montrant finalement que l’ordinaire difficulté d’affronter le début de la fin pour certaines femmes: ce moment charnière où elles ont l'impression de perdre ce qui les rendait attractives, où elles doivent réinterpréter leur corps (encore), avec la difficile impression de passer de l’autre côté de la barrière.


Finalement c’est un peu déprimant quand on y pense, mais le film ne tombe pas dans le pathos, et arrive au contraire à divertir autant qu’il émeut.


En tout cas on ne boude pas son plaisir et on passe un moment assez plaisant, et c’est déjà un bel exploit.
On oublie vite le film une fois terminé mais on se souvient très bien qu'on n'a pas trouvé le temps long.

iori
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le 14 sept. 2017

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