Les comédies françaises inspirée de spectacles, de sketches et mettant en avant des figures comiques cultes sentent souvent le poisson et il suffit de se remémorer Camping (celui là certains l'adore et je n'ai jamais compris pourquoi....), Brice de Nice, Cyprien, Coco et co pour qu'une odeur de selles vienne perturber votre équilibre olfactif.
Les warning étaient donc au rouge à l'annonce de l'adaptation pour le cinéma de l'hilarant format court « Kaïra Shopping » d'autant qu'à l'exception notable des Lascars, banlieue et comédie font rarement bon ménage....
Dieu merci, c'était sans compter sur l'intelligence de Frank Gastambide qui a bien compris que son film ne devait pas se résumer à une série de sketch ou à une compilation de vannes jouissive mais creuse.
Car aussi étonnant que cela puisse paraître, il y a un scénario dans les Kaïra mais aussi et surtout un point de vue !
Le métrage démarre sur les chapeaux de roues avec un générique funky suivit par une exposition à se rouler par terre et qui enchaîne les gags à un rythme métronomique.
Volontairement gras et outrancier (amis du bon goût, restez chez vous), les Kaïra ne se contente pas de parodier l'imagerie inhérente aux « freestyle racailles » mais passe également à la moulinette comique toute la culture street avec une irrévérence qui force le respect.
Ainsi, non content de nous faire rire de situations improbables qui n'ont rien à envier à celles de Very Bad Trip, le film déclenche aussi l'hilarité sur de petits détails à l'image des fausses émissions de rap écoutées par Abdelkrim où des caméo très judicieux, d'acteurs ((comme d'hab François Damiens fait rire par sa seule présence dans le cadre), d'artistes (un concert bien lourd de Cut Killer feat la Mafia K'1 Fry avec une deuxième partie...inattendue !) et de pornstars (les apparitions de notre Katsuni nationale sont énormes !) visiblement ravis de prêter au jeu.
Les Kaïras a également le bon goût d'aborder des sujets sérieux tels que les clichés raciaux, les rapports hommes / femmes et la « zermi » affective et sexuelle (d'ailleurs véritable leïtmotiv du récit) avec une certaine finesse ce qui le rapproche (un peu) des mythiques comédies de Judd Appatow avec lesquelles il partage un regard tendre sur ses personnages.
Dommage que l'ensemble s'essouffle vers la fin avec l'avalanche de gags graveleux qui finit par lasser (en gros après le coup de la femme fontaine ça fonctionne moins) et un climax très (trop) prévisible et cul-cul la praline (comme du Judd Appatow tient !).
Au final, les Kaïras n'est peut-être pas la comédie du siècle mais possède suffisamment de tchatche et de swag pour devenir culte.
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