Critique : Les Kaira (par Cineshow)

A l'origine, il y a une série en format court sur Canal + sponsorisée par PEPSI, Kaira Shopping. Crée par Franck Gastambide, ce télé-shopping version « té-ci » connait un succès fulgurant qui ne cessera pas pendant les 50 épisodes de 1'30 proposés, permettant très vite la présence de nombreux guests à l'écran. Arriva alors ce que beaucoup craignait : le passage sur grand écran. Un choix souvent regrettable (l'histoire le montre d'elle-même, souvenez-vous le triste Cyprien par exemple) mais qui laisse toujours la place à une bonne surprise, le dessin animé en version longue des Lascars était à ce titre une réussite.

A titre tout à fait personnel, je n'aurai pas vraiment attention au film si je n'avais pas été happé lors d'une présentation il y a quelques mois par l'extrait mettant en scène François Damiens en producteur porno. Une séquence qui prise seule était déjà hilarante et qui replacée dans le contexte global ne perd aucunement de son efficacité, les Kaira (le film) étant purement et simplement une très grande surprise et certainement l'un des films les plus drôle de cette première moitié de 2012 (et pourtant, je l'ai enchainé après The Dictator, le niveau était donc haut). Une surprise d'autant plus intéressante que le film pouvait sentir de prime abord l'opportunisme à plein nez. Dans les faits il n'en est rien et malgré une construction en mini-sketchs, l'arche narrative générale permet de donner un liant logique à tout cela pour au final, proposer une histoire qui tienne réellement la route.

Et quelle histoire... Car si je vante les mérites des Kaira, c'est aussi voire surtout par sa volonté réelle de ne pas baisser son niveau des vannes au politiquement correct mais bien de rester dans l'ADN originelle de la série. Celle qui permet de passer d'un humour de situation simple mais efficace à un beaucoup plus trash et à un humour bien noir sans vaciller. Un grand écart pas forcément simple à négocier mais réellement salvateur car permettant différents niveaux de vannes. Il faut dire qu'avec un pitch basé sur la volonté de devenir acteur X, la fenêtre de tir aux fous rires était bien là et il aurait été fortement regrettable de se priver ou juste de se limiter.

Ainsi, cette recherche d'un avenir dans le porno permettant de réunir toutes les aspirations de nos trois KAIRA (gagner de l'argent, sortir de leur quotidien un peu miteux et surtout, de « ken des meufs »), va s'avérer un peu plus complexe qu'il n'y parait, surtout lorsqu'une première bande-demo leur sera demandée par le producteur qu'ils rencontreront en la personne de François Damiens. Les Kaira le film tourne donc autour de cette recherche (que l'on sait par avance vaine) pour enregistrer une bande-demo X. S'étalant sur quelques jours, le film de Franck Gastambide multiplie les péripéties toutes plus folles les unes que les autres, autant de prétextes à introduire de nombreux guests en caméos (voire plus) plutôt bien sentis dans le contexte de l'histoire, que ce soit Eric Cantona, Elie Semoun Alex Lutz, Cut Killer ou encore Ramzy qui remporte la palme du second rôle le plus hilarant (si si !). En faisant de ses personnages des caricatures du monde de la cité, le réalisateur (qui est également l'une des trois KAIRA) arrive à rendre aux situations du quotidien un réel pouvoir comique, sans moralisation ni jugement de valeur. Son regard sur le quotidien pas forcément reluisant de ces d'jeuns et leur attitude générale qui n'est pas animée par une dynamique vraiment positive passera principalement par celui de la sœur d'Abdelkrim, la seule à vouloir se sortir de sa « condition » et multipliant les phrases de tacles à l'encontre de son frère préférant zoner.

Beaucoup jugeront le film avant de l'avoir vu. Et il serait hypocrite de ma part de les critiquer puisque si je n'avais pas vu ce fameux teaser, je n'aurais probablement pas été voir le film en salle. Aussi je ne cherche pas à convaincre spécialement par avance, simplement à dire que les Kaira le film mérite vraiment un détour par les salles obscures. Il y a fort à parier que vous n'aurez pas rigolé de si bon cœur et autant depuis plusieurs mois au cinéma. Véritable concentré de vannes non-stop, bien loin de la simple transposition d'un sketch de court au long-métrage, évoluant sans la contrainte du politiquement correct, les Kaira est une véritable et inattendue surprise ne reculant jamais devant l'improbable, voire le grotesque ce qui en fait aussi toute sa spontanéité et sa fraicheur. Ce que l'on pourrait considérer comme une version live des Lascars fonctionne bien, vraiment très bien ! A découvrir en juillet prochain en salles.
mcrucq
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 mai 2012

Critique lue 1.9K fois

13 j'aime

Mathieu  CRUCQ

Écrit par

Critique lue 1.9K fois

13

D'autres avis sur Les Kaïra

Les Kaïra
E-G
2

De la merde a l'état pure.

Je n'ai pas ris une seul fois, les vannes étaient toute téléphonées, les acteurs étaient mauvais et donnaient la gerbe. Le scénario est minable de chez minable, aucun personnages n'avaient une once...

Par

le 15 déc. 2012

15 j'aime

4

Les Kaïra
mcrucq
7

Critique : Les Kaira (par Cineshow)

A l'origine, il y a une série en format court sur Canal + sponsorisée par PEPSI, Kaira Shopping. Crée par Franck Gastambide, ce télé-shopping version « té-ci » connait un succès fulgurant qui ne...

le 13 mai 2012

13 j'aime

Du même critique

Expendables 2 : Unité spéciale
mcrucq
8

Critique : Expendables 2 (par Cineshow)

Lorsque le projet Expendables 1 avait été annoncé il y a maintenant plusieurs années grâce à l’impulsion de Sly, la testostérone de tous les afficionados de films d’action des années 80 avait...

le 12 août 2012

82 j'aime

12

Taken 2
mcrucq
2

Critique : Taken 2 (par Cineshow)

Avec son budget de 25 millions de dollars ayant engendré 226 millions de dollars de recette, Taken premier du nom avait créé la surprise à l’international en atomisant la concurrence, et en se...

le 9 sept. 2012

53 j'aime

12

Django Unchained
mcrucq
9

Critique : Django Unchained (par Cineshow.fr)

Il aura fallu presque 20 ans à Quentin Tarantino pour réaliser son western, celui qui hante l’ensemble de sa carrière, et celui qu’il évoque de manière subliminale dans chacun de ses films. Après...

le 19 déc. 2012

52 j'aime

6