C'est un nouveau mercredi calme dans le domaine des sorties cinématographiques. Il y a tout de même ce film semblant sympathique, du moins au niveau de l'affiche apparaissant sur la page d'accueil de Sens Critique.


L'histoire commence durant la représentation d'une pièce de théâtre, avant de suivre un comédien quittant les planches après sa dernière tirade. Le plan séquence rappelle celui de Birdman avec la caméra se collant au dos de son personnage principal, en traversant les coulisses, puis sa loge, avant de se rendre à l'extérieur et de finir dans un bar ou il s'active sur une machine à sous. La musique est sensiblement la même, mais la réalisation va pêcher par la suite avec une course-poursuite pas vraiment maîtrisée entre le comédien et ses créanciers. Il va réussir à les fuir dans sa tenue de scène et se retrouver dans un coin paumé et enneigé, loin de son Montréal.


Au début, on ne sait pas trop quel est le ton du film. La course-poursuite prête à sourire avec une chute, avant que le caméra nous montre le corps ensanglanté de la victime. Cela sera constamment dans cette veine-là, on va sourire puis se reprendre devant la gravité des faits. C'est une sorte de montagne russe émotionnelle, sauf que les sensations sont beaucoup moins intense. La dramédie est plaisante, grâce à son duo d'acteurs Alexis Martin et Gilles Renaud. C'est l'homme de la ville face à celui de la campagne, le verbeux et le taiseux. Deux caractères que tout opposent, mais qui vont devoir s'unir face à l'adversité, en créant un lien amical. Leurs échanges sont savoureux et la découverte de la culture de chanvre est assez étonnante. L'arrivée d'un troisième personnage ralenti un peu le tempo, qui avait déjà des problèmes de rythme. Les passages à vide ne permettent pas d'apprécier pleinement l'oeuvre, qui va sombrer dans le mélodrame dans sa dernière partie.


Le film est immoral et ça fait plaisir. Simon cultive le chanvre pour amasser plus rapidement de l'argent et permettre de panser une plaie béante avec son fils depuis son départ. Jacques se retrouve pris en otage, mais cela lui permet aussi d'avoir un refuge pour échapper à Patenaude (Luc Picard). Finalement, chacun y trouve son compte. Ce sera aussi le cas pour la nouvelle otage au caractère bien trempée, Francesca (Emmanuelle Lussier-Martinez). Ce sont surtout des personnes en rupture avec leurs familles et la société, qui par un (mal)heureux hasard, vont se retrouver dans la même galère en finissant par se transformer en une famille de substitution.


C'est à la fois drôle, tendre, dramatique, humain et bordélique. Le cocktail ne fonctionne pas toujours, mais au fil du récit, on se rend compte que l'on a oublié le statut d'otage de certains personnages, tout en étant pas dérangé par la culture de cette herbe médicinale donnant le sourire. La magie opère par intermittence et on en sort ravi, mais pas entièrement conquis.

easy2fly
6
Écrit par

Créée

le 5 avr. 2017

Critique lue 210 fois

Laurent Doe

Écrit par

Critique lue 210 fois

D'autres avis sur Les Mauvaises Herbes

Les Mauvaises Herbes
Red-Drum-alias-the-B
9

Maudit Gazon !

Que voilà une nouvelle pépite made in Québec qui vient nous rafraichir. Le film de Bélanger est un petit film sans prétention mais qui est dans son genre, la comédie-dramatique, un excellent film qui...

9 j'aime

2

Les Mauvaises Herbes
Nitnek
8

Un film rafraîchissement !

Quel plaisir de découvrir ce film en cinexpérience sans rien en savoir. Habituellement la surprise dure environ 5 minutes avant d'avoir une idée assez précise de ce que l'on va nous imposer. Mais...

le 18 mars 2017

9 j'aime

Les Mauvaises Herbes
TheoC
7

L'herbe serait-elle plus verte au Canada?

Les Mauvaises herbes réunit trois personnages on ne peut plus différents le temps d'un hiver chez un misanthrope qui force ses deux comparses à rester chez lui après qu'ils aient découvert la récolte...

le 18 mars 2017

7 j'aime

Du même critique

It Follows
easy2fly
4

Dans l'ombre de John

Ce film me laissait de marbre, puis les récompenses se sont mises à lui tomber dessus, les critiques étaient élogieuses et le genre épouvante, a fini par me convaincre de le placer au sommet des...

le 4 févr. 2015

63 j'aime

7

Baby Driver
easy2fly
5

La playlist estivale d'Edgar Wright à consommer avec modération

Depuis la décevante conclusion de la trilogie Cornetto avec Dernier Pub avant la fin du monde, le réalisateur Edgar Wright a fait connaissance avec la machine à broyer hollywoodienne, en quittant...

le 20 juil. 2017

56 j'aime

10

Babysitting
easy2fly
8

Triple F : Fun, Frais & Fou.

Enfin! Oui, enfin une comédie française drôle et mieux, il n'y a ni Kev Adams, ni Franck Dubosc, ni Max Boublil, ni Dany Boon et autres pseudos comiques qui tuent le cinéma français, car oui il y a...

le 16 avr. 2014

52 j'aime

8