Tom Hooper, réalisateur du surprenant Le Discours d’un Roi en 2010, a eu le droit à un gros budget pour son nouveau film. Attention, ce film n’est pas une adaptation du roman de Victor Hugo : ce film est l’adaptation à l’écran da la comédie musicale éponyme qui s’inspire librement du roman. Mais vous faites erreur si vous vous attendez à une comédie musicale. Ce film n’est autre qu’un film chanté, et il y a une grosse différence avec une comédie musicale. Pour donner un exemple, West Side Story est une comédie musicale. Il y a donc déjà mensonge sur la marchandise.

J’emploie le terme de marchandise car Tom Hooper ne fait pas un film ici. Les Misérables ressemblent plus à un clip pour MTV qu’à un film pour grand écran. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que (pour une fois) le voir en VO ou en VF ne changera rien du tout. En effet, il aurait déjà fallu que les acteurs savent chanter. Mis à part Hugh Jackman qui s’en sort assez bien de temps en temps, Russell Crowe et Anne Hathaway doivent arrêter de chanter dès maintenant. Et que ça soit Jackman, Hathaway, Seyfried ou Crowe, chacune de leurs prestations est très théâtrale.

Ils chantent leurs chansons et c’est bien, jamais ils ne vont essayer de chercher à transmettre les émotions et l’horreur de la Révolution Française. Ils ne vont que vous transmettre l’émotion radicale d’un mélodrame en carton. Un mélodrame que Tom Hooper ne sait pas pour autant filmer. En effet, il faudra lui dire qu’il change de méthodes. Seulements trois méthodes de plans ressortent du film, c’est tout de même navrant de s’obstiner sur un plan, une échele ou un mouvement pendant 2h30. Ca ne montre aucune créativité et aucun point de vue pris à l’histoire (base essentielle pour faire un film).

Tom Hooper positionne sa caméra à 5cm des visages de chaque acteur. Une méthode qui ne sert strictement à rien dans son film tant il veut se concentrer sur leurs expressions faciales. On dirait qu’il ne sait rien faire d’autre. Je vous met au défie de chercher la couleur des chaussures de Hugh Jackman ou même celles de Russell Crowe. Ensuite, Tom Hooper doit croire qu’en faisant tourner sa caméra autour d’un acteur ou en faisant un bête travelling, on aura du mouvement. Erreur, les acteurs ne bougent pratiquement pas lors de ces mouvements et ça se remarque.

Tout dans ce film est ultra statique. Jamais les acteurs ne vont se mettre à danser ou effectuer une chorégraphie. Et c’est ça une comédie musicale : on parle et d’un seul on se met à chanter et danser. Or qu’ici Tom Hooper laisse ses acteurs statiques quand ils chantent. Enfin, Tom Hooper s’amuse à faire quelques plongées et des contre-plongées d’une telle vitesse que ça pourrait vous donner le mal de l’air. On peut alors dire que Tom Hooper ne sait pas comment faire un film, limite qu’avec ce seul film il ne connait rien à la mise en scène.

Sauf qu’il y a tout de même seulement 3 plans qui sortent du lot. Avec quelques scènes de Russell Crowe, voilà la source de ma note. Tout d’abord, la plus belle scène du film reste quand même lors de la chanson At the end of the day où Anne Hathaway se fait humilier et renvoyer de son travail. Ensuite, il y a la scène où le petit Gavroche défie les soldats de la couronne. Et enfin, il y a la toute dernière scène où tous les morts durant la Révolution chantent le chant du peuple avec le drapeau français et montés sur les barricades.

On pourra également relever le travail de scénographie. De qui se moque t-on ? Tom Hooper se fout de vous avec son gros budget. C’est quand même sidérant qu’avec de tels moyens financiers on fasse des décors aussi moches. On croirait que les acteurs voyagent dans un décor en papier/carton du temps de Georges Méliès. Des décors à la limite d’être âpre et austères. Et encore, le maître Méliès s’avait s’en servir correctement et le rendre esthétiquement agréable. Ici, Tom Hooper s’en sert seulement pour que ses acteurs s’y appuient ou s’assoient dessus.

Sans parler de la structure du scénario. Tom Hooper et son complice Bill Nicholson nous livrent un récit qui connait les bases de la dramaturgie. Une scène d’exposition et un dénouement bien présents mais le corps du film du cinéaste anglais n’est qu’une succession de scénettes totalement indigentes et sans cohérence. Tom Hooper nous embarque dans une mise en scène et une narration étouffantes où la seul mot d’ordre est d’écouter et admirer le film qui fera la course pour les Oscars. Car oui, après tout, ce film ne peut qu’être un film à Oscars, bien malheureusement.

Finalement, Les Misérables est un film encombrant. Des acteurs ennuyeux pour la plupart et frôlant le médiocre pour d’autres, une mise en scène étouffante où Tom Hooper ne sait pas ce qu’est faire un film, des décors en papier/carton inutiles, des chansons indigestes, une narration sous forme de scènettes indigentes et sans cohérence. Et on pourra même venir à dire que ce film n’apporte rien à la comédie musicale, où Tom Hooper pose ses acteurs de façon théâtrale et n’en sort jamais. Un film statique qui donne envie d’adapter soi-même le roman de Victor Hugo pour ne pas que ce chef-d’oeuvre de littérature reste sur ça au cinéma. Et attention, ce film n’est pas une comédie musicale mais un film chanté !

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Auteur : Teddy
LeBlogDuCinéma
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le 16 mars 2013

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