Ce n'est pas la faute du cheval mais celle du cavalier

Ce film ne mérite pas ces acclamations médiatiques à tout va.
Le but et le message politique et pseudo philosophico-sociétal est bien établi,
Certaines scènes sont très prenantes comme celle du lion face à l'enfant sans défense,
le film est armé de bonnes intentions...
Mais
Premièrement



La manière dont le film veux nous transmettre ce message reste flou.



Les scènes sont tantôt tragiques et prenantes émotionnellement, comme la scène de la bavure par exemple et tantôt comiques voir comiques sans le faire exprès. Sans prévenir, le film passe du tragique au comique avec maladresse.
Prenons par exemple la scène des gitans hurleurs.
Si elle est censée être comique, cela marche, mais pas dans ce film, et si elle n'est pas censé être comique, bah ça ne marche pas par ce qu'on se fend la poire, les gitans sont certes convaincants, mais caricaturaux et sur présents.
Si ces scènes comiques ne marchent pas, c'est par ce qu'elles nous empêchent de se plonger dans ce quotidien de banlieusard qui se veut réaliste. Le Maire guignole qui porte un maillot de foot avec sa profession écrit au dos au cas où on ne l'aurait pas compris et qui parle avec ses citoyens comme si c'étaient des glandus; est un personnage comique et en décalage avec le réalisme du reste du film.
Il est drôle, mais pas à sa place dans cet univers
Cela empêche le spectateur de rentrer dans le film et de digérer le lourd message.
Deuxièmement



Contrairement à ce qu'on aurait voulu nous faire croire ; ce n'est pas un Grand film.



Le film use de mécanismes pas originaux et faciles : le petit nouveau qui arrive à la brigade et qui nous permet de présenter l’état dans lequel est la cité, comment elle fonctionne, etc.
Certains personnages sont lourds et caricaturaux ce qui fait qu'on n'arrive pas s'y attacher.
Notamment le maire qui parle mal à tout le monde et qui a l'air d'avoir été élu Maire par Hasard.
Chris le flic qui se comporte comme un énorme Salaud du début à la fin du film, alors lui aucunes nuances, c'est vraiment un salaud jusqu'au bout. Je cite le bougre pendant qu'il interpellait de jeunes filles ayant fumé de la résine de cannabis, elles sont offusquées par son comportement, il répond "on est en état d'urgence, si je veux, je te mets un doigt dans le cul".
Le personnage de "pento" le flic qui vient d'arriver dans le cartier est mal écrit, il est d'abord très timide tel un gosse quand il doit parler au musulman moralisateur vendeur de kebab puis presque rentre dedans la scène d'après lorsqu’il interpelle un gosse inoffensif.
Tout se passe en environ une journée et demi, ce qui fait que c'est condensé et superficiel, car là où son prédécesseur de qualité "la Haine" prenait son temps, ce film-là va trop vite,
et en fait des fautes de cohérences. Le gosse au drone qui filme de jeunes filles dénudées depuis leurs fenêtres a un contrat avec une de ces filles, il doit filmer son match de basket à l'aide de son drone. Seulement voilà, entre temps, à cause de péripéties policières son drone est fracassé au sol par le flic à la tête de chanteur de RNB car le gosse a filmé une scène de bavure policière commise par le chanteur de RNB à l'aide de celui-ci. L'enfant ne peut donc plus filmer ce match qui pourrait amener des questionnements par ses amis qui pourrait court-circuiter le scénario du film. Mais non, on en parle plus du tout de ce match, voilà un grand manque de cohérence.
Il ne peut donc plus filmer le match de basket.
Les premières images du film après les festivités footballistiques qui se passent de commentaire
sont mauvaises, mal jouées presque digne de plus belle la vie
La supérieure hiérarchique joue super mal, sa remarque sur la pilosité des gambettes du jeune chanteur de RNB charismatique n'est pas drôle et presque gênante.
Troisièmement



la phrase finale affichée servant de morale est dangereuse et mal venue



"Il n'y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes, il n'y a que des mauvais cultivateurs"
Cette phrase est dangereuse, car elle risque de déresponsabiliser les acteurs qui commettent le mal.
Bien sûr qu'il y a des mauvais hommes et qu'ils sont responsables de leurs actes.
Quand tu plantes des semences de carottes et qu'elles ne poussent pas, ce n'est pas la faute des semences, mais du semeur. Cette morale a base de mauvaises herbes qui clôt le film pousse à faire une croix sur les mauvaises actions des personnages du film. Hors à la fin, le gosse ayant été victime de violence policière se venge en mettant en place une embuscade pour mettre la misère aux flics. On appelle ça se venger, les flics serait donc les cultivateurs et les gosses-voyous ne serait que les fruits pourris responsables de cette culture ? Ce seraient donc les flics responsables des crimes de ces voyous ? Cela justifierait donc la vengeance sauvage et immorale ? "mais oui de toute manière, ce sont les flics qui ont commencés, c'est leur faute, ils ont cherché la merde et gnagna, je réfléchis comme un enfant se nourrissant uniquement de liquide vaisselle" Effectivement les responsabilités sont partagées, mais en aucun cas la responsabilité ne repose entièrement sur un tiers acteur.
Tout comme les voyous ne sont pas responsables des actions des flics, les flics ne sont pas responsables des actions des voyous. Chacun est en grande partie responsable de ses propres actes.
Je conclurais donc sur ces sages paroles " Ce n'est pas la faute du cheval, mais celle du cavalier".

Barnabai
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le 26 avr. 2021

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