Ramassage d'ordures

Ployant sous la référence des Nouveaux Monstres – film constitué de 12 sketches réalisés en 1977 par la crème des réalisateurs italiens – ce film venu d’Argentine ne possède en rien l’esprit grinçant et corrosif, méchant et subversif du modèle inégalé. Outre ce clin d’œil, le film semble être un assemblage hétéroclite de plagiats divers. Si on pense dès le préambule au dernier film décevant de Pedro Almodóvar, par ailleurs producteur des Nouveaux sauvages, difficile ensuite de ne pas évoquer Duel, le plus récent Les Opportunistes ou même la première partie de Melancholia. Les six sketches mettent en scène des individus dépassés par des situations qu’ils ne parviennent plus à maitriser, les amenant à franchir la frontière ténue entre civilisation et barbarie dans un engrenage de violences pouvant déboucher sur le pire et révélant du coup la bassesse humaine.

Le souci majeur du film est de traiter son sujet avec complaisance (putasserie ?) à coups d’effets tout en brossant le spectateur dans le sens du poil en faisant appel à ses plus vils instincts (soif de vengeance, exercice du pouvoir et de la domination, puissance de l’argent). Tout ceci manque à la fois de finesse et de subtilité, mais aussi de férocité puisqu’un retour à la norme des valeurs et des principes est largement plébiscité jusqu’à l’insupportable dernière séquence. Hormis le segment introductif plutôt drôle et imaginatif, la suite s’avère beaucoup plus glauque et oblitère toute forme d’humour, fût-il très noir. L’ambiance kafkaïenne s’accommode mal d’un dispositif tape-à-l’œil et appuyé à la limite du vulgaire dépeignant une société au bord du gouffre prête à faire le dernier pas.