Derrière la claquette de Visconti, le roman de Dostoïevski prend pour décor les rues et les canaux du vieux Livourne en Italie. Tout cela reproduit de manière réaliste, mais théâtrale, dans les studios de la Cinecittà qui se transforme d’une certaine manière en une vaste scène à travers laquelle le spectateur se déplace pour suivre les va-et-vient amoureux des deux protagonistes. La direction artistique et la photographie forment ici un couple plus solide que celui de l’histoire qui se déroule à l’écran. Les deux personnages des Nuits blanches prennent de l’âge dans l’objectif de Visconti. Plutôt que d’assister aux premiers amours passionnés d’étudiants, on y découvre des êtres davantage marqués par la vie. Maria Schell est une actrice imprévisible et cela sert parfaitement bien sa Natalia tandis que Mastroianni est un cabotin exceptionnel qui peut rendre crédible n’importe quel revirement de situation. Son numéro de danse époustouflant et sa réaction lorsque réapparait la silhouette du prince charmant de celle qui s’apprêtait à s’abandonner à lui prouvent qu’il peut aller dans toutes les directions. Les deux formes un duo parfait pour la direction qu’a voulu prendre le réalisateur. Dans le cas le Jean Marais, le rôle est bien en dessous de sa renommée. Il demeure accessoire et semble mal à l’aise. Mais sa présence n’atténue en rien la belle cohésion de cette production. On nous propose un univers harmonieux à la fois réaliste et onirique qui réussit à trouver sa propre écriture évitant ainsi de subir les foudres de la comparaison avec l’œuvre littéraire.

Elg
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le 11 août 2019

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