Bien fait pour leur gueule !
Que l'on me pardonne, mais j'ai un vrai problème avec les Petits mouchoirs. J'aurais pu, j'aurais dû marcher et même applaudir sans réserve devant un scénario de ce genre, pas si loin du théâtre psychologique et de l'imbroglio sentimental, d'autant plus que la caméra est habile à narrer la grande confusion ambiante.
Mais pourquoi diable se priver de personnages laissant transparaître ne serait-ce qu'une miette d'humanité ? Car en faisant le choix fatal de cette bande de parfaits connards, d'immondes enfoirés tous menteurs, égoïstes, manipulateurs, immatures et dénués de tout sens moral, Guillaume Canet se tire un obus dans le pied, sapant d'emblée et jusqu'au terme de son film une quelconque compassion, SINE QUA NON dans ce type de cinéma.
Au point qu'on en vient, avec une forme de sadisme, à se dire que les malheurs qui frappent ces zonards pétés de thune, arrogants comme tous les enfants gâtés attardés, sont un juste retour de boomerang en pleine face. Un comble quand on ne devrait jouer que d'empathie.
En l'état, on pleure bien à la fin, mais de rage, devant tant de talent sacrifié sur l'autel de l'univocité. Et pourtant, Cluzet est fantastique en emmerdeur hystérique, et Canet réussit notamment une diversion magistrale à l'approche du dénouement, qui rattrape le téléphoné de l'accident initial quelques mètres après le pont de l'Alma...
Une sacrée occasion manquée, en partie autobiographique – ce qui en dit long sur la sincérité des relations chez les célébrités – dont la longueur rebutera les amateurs de format 90 minutes, et dont la BO se révèle parfois assommante. À moins que le film ne fasse le constat d'un monde dégénéré où l'amitié n'a plus sa place tant l'homme occidental souffre d'hypertrophie de l'ego ?