Les plages d'Agnès est un film expérimental, bricolé, d'une rare liberté où Agnès Varda évoque sa vie et son parcours. Où "elle se souvient pendant qu'elle vit"... Mais ce n'est pas tant une hagiographie qu'une introspection. L'important n'est pas tant la vie d'Agnès, que cette convocation des fantômes avec lesquels nous devons vivre, comme d'une démonstration de ce qui nous anime. Derrière son montage plein d'inventivité, derrière la bigarrure de cette mise à nue, cette petite voix décidée et fluette qui se parle et nous parle, "Les plages" se révèle être une invitation à l'apaisement, entre densité et légerté, un patchwork d'émotion et de simplicité, une improvisation entre naïveté et profondeur, entre pudeur et richesse. Ce que ce film chine, ce n'est pas tant Agnès Varda, qu'un regard sur le monde, bienveillant et ému. Comme si nos vies au final étaient faites de ces assemblages de rien, de si petites choses, de si petits gestes, de si petits regards. Comme si c'était cela que l'existence nous force à déplier de nous-mêmes et qui nous rends si forts, si tristes et si inconsolables.