Entendre dans un même film, «The Bela Lugosi's dead» du groupe de rock gothique Bauhaus se confronter à un extrait de l'opéra «Lakmé» de Léo Delibe, n'est pas chose courante. Les deux univers musicaux tout en contradiction sont à l'image des thèmes tels que : la vie et la jeunesse éternelle opposée à la mort, que nous proposait le réalisateur britannique Tony Scott en 1983 pour les besoins du magnifique «The Hunger», «Les prédateurs» chez nous. Le réalisateur issu de la publicité signe ici, son premier long-métrage tiré du roman homonyme de Louis Whitley Strieber. Il transpose le mythe du vampire en plein New York au début des années 80. Nous faisons la connaissance de la belle Miriam Blaylock (Catherine Deneuve) et son mari John (David Bowie), le couple arpente un New York by night sulfureux aux néons bleutés à la recherche de proies pour se repaître de leur sang. Myriam est née en Égypte, il y a plus de 3000 ans, elle a offert l'immortalité à John depuis le XVIIe siècle, mais John se meurt, l'amour de Miriam qui lui assurait la jeunesse éternelle est aujourd'hui moins fort, son vieillissement accéléré semble inéluctable, John prend alors contact avec le docteur en hématologie Sarah Roberts (Susan Sarandon), dans un ultime espoir de survie. Mais Sarah ne tardera pas à succomber au charme mystérieux et irrésistible de Miriam. Tony Scott enrobe son long-métrage dans une ambiance à la fois clipesque et gothique, les ralentis sont magnifiques, les flashback nous transportent littéralement. La splendide photographie de Stephen Goldblatt joue avec des contrastes quasi anachroniques, l'appartement de John et Miriam, à la fois piège et refuge hors du temps empli de reliques du passé, est l’antithèse du laboratoire de Sarah et du New-York du XXe siècle. Avec «The Hunger», Tony Scott nous livre une fable vampirique sensuellement splendide où être mordu de l'autre est bien plus qu'un simple geste de survie alimentaire, l'amour est le seul moteur, sans cet amour, c'est la mort sûre !