Les quatre cents coups, c'est la recherche de liberté d'un jeune homme, l'envie de fuir tous les cadres qui le brident et l'enferment, l'innocence et la naïveté de l'enfance qui s'envolent peu à peu. Les quatre cents coups c'est la recherche d'une mère, de son amour mais surtout de sa reconnaissance. Et comme théâtre de développement de tous ces thèmes, Les quatre cents coups, c'est Paris.


François Truffaut filme la vie d'Antoine Doinel, jeune collégien en quête de liberté, comme s'il nous montrait sa propre jeunesse. Entre plans fixes dans des intérieurs étriqués et de longs travellings en extérieurs, Truffaut nous parle d'une jeunesse qui ne veut pas rentrer dans un cadre, qui ne veut pas se laisser dicter sa conduite par une quelconque autorité, qu'elle soit parentale, scolaire, ou légale.


Pour les séquences en extérieurs, la caméra prend un peu de recul pour laisser plus d'espace aux personnages et notamment à Antoine, permettant également d'intégrer les décors des rues parisiennes puis de la plage avec brio. Chez lui, Antoine étouffe, la caméra est plus proche, les espaces sont petits. À l'école il est perdu au milieu de ses camarades et son professeur lui laisse peu de répit pour exprimer sa personnalité. Cet enfermement social deviendra physique dans le dernier tiers du film lorsqu'il finira derrière les barreaux puis en maison de redressement.


Antoine cherche la liberté, il fugue pour fuir la maison, faut l'école buissonnière et aimerait commencer à travailler pour ne plus avoir à aller à l'école, sans savoir qu'il ne quitterait qu'une prison pour en découvrir une autre. Antoine réalise que devenir adulte, c'est obéir à des règles, c'est brider sa liberté, alors Antoine vole, Antoine provoque, il fait ce qu'il peut pour se développer en marge du cadre qu'on lui dresse. Cette recherche de liberté touchera sa quintessence dans les derniers minutes du film, lorsqu'Antoine fuira l'autorité pour aller à la plage, voir la mer, symbole de liberté de par son immensité et son absence de murs.


Il cherche aussi sa mère. Elle est peu présente mais prend beaucoup de place dans sa vie. Elle n'est pas là mais plane au-dessus de tout ce qu'il fait. Il voudrait son amour, sa reconnaissance, sa complicité. Il la trouvera brièvement dans un pacte qui lui donnera une grande motivation pendant un temps. Il ira jusqu'à prétexter la mort de sa mère pour justifier son absence à l'école, symbole ultime du manque qu'il ressent vis-à-vis d'elle.


Réalisé avec maîtrise et interprété avec sincérité, Les quatre cents coups est un joyau, une perle du cinéma comme il y en a peu. Un immense film.

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le 29 juil. 2019

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valp

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