Alors oui selon certains, Les Rencontres d'après minuit sont la bulle d'onirisme, dans une dimension à part, pleine de rêve, de poésie et d'érotisme que nous attendions. Malheureusement pour moi le film en question souffre du syndrome bande-annonce : celle-ci montre habilement tout le meilleur du film. Dans le concept, le film est original mais la réalisation ne semble pas à la hauteur. La volonté du réalisateur est de présenter l'objet de la narration comme une partouze esthétique et délicate, qui se fait attendre, laissant place aux confidences cathartiques des participants. Seulement, le film, malgré un début à l’architecture visuelle prometteuse, ne prend pas.
La dimension onirique se perd au milieu des épanchements lyriques et des dialogues saugrenus, métaphysiques et interminables ; si bien que tout devient risible. La dimension charnelle, sourde mais omniprésente tout au long du récit est abordée sans perspective, sans réel intérêt autre que celui de mener à la confidence. L'outrance théâtrale du jeu des acteurs rajoute à la lourdeur déjà bien présente du thème et entraîne elle aussi le rire nerveux. Notable néanmoins : le jeu de Kate Moran, sublime en femme courage et Nicolas Maury, convaincant dans son rôle outrancier mais drôle. Les autres (Schneider, Cantona, Delon) restent très fermés dans leur jeu ; problème : cela sonne faux.
Si vous entrez dans la salle par curiosité (comme moi), vous en sortirez forcément déçu, ou franchement perplexe. Sans queue .. ni tête, les pérégrinations mentales et les flashbacks récurrents construisent (ou plutôt déconstruisent) une diégèse bancale à laquelle on ne parvient jamais à croire. Si le réalisateur est avide d'expérimental, on souhaiterait que ses prochaines conceptualisations soient plus réussies, moins angoissantes de tant de maladresses. Néanmoins, hormis le jeu de Moran et Maury, l'autre point positif notable est celui des décors, ambitieux et froids, qui retranscrivent assez bien ce dans quoi le réalisateur tente de nous plonger.
En creusant un peu, il est vrai que de nombreux autres aspects du film ont des côtés positifs (la musique à contre emploi, la scénographie dans le sens d'un huis clos bien mené, la dernière scène, très belle, le rêve sur la plage..). Toutefois, et à mon grand regret, car ce film avait vraiment éveillé ma curiosité, aucun de ces points n'arrive à palier à la vacuité de la mise en scène et de la trame narrative. Les personnages demeurent impénétrables tandis que l'histoire, au début plausible, se transforme au fur et à mesure en fantasme le plus total, abscons et ésotérique qui soit.
Né d'un propos ambitieux, le film, tel un conte sensuel (raté), laisse de glace et ennuie beaucoup ; à annexer dans la catégorie "mauvaise rencontre".