Rapidement, j'ai senti que quelque chose n'allait pas. Malgré un sujet passionnant et ô combien porteur, la vision de Sarah Gavron apparaît vite bien schématique, pour ne pas dire caricaturale. Alors d'accord : la grande majorité des hommes de l'époque devait ressembler à ça, mais niveau subtilité du regard et enjeux émotionnels, cela limite fortement la portée du film.
Bon, on voit bien quelques femmes peu concernées par le problème et un ou deux personnages masculins plus nuancés, mais cela reste un peu court. Plus grave, en revanche : ce regard simpliste sur un sujet essentiel limite considérablement les vertus pédagogiques qu'une telle œuvre aurait dû avoir, si bien que je n'ai pas eu en définitive l'impression d'apprendre grand-chose, que ce soit à cause des déboires lourdingues subies par l'héroïne ou les actions « coup de poing » des suffragettes, sans grand relief.
Heureusement, le trait s'affine un peu dans la dernière partie, laissant éclater au grand jour les divergences entre les différents membres et parvenant même à nous émouvoir légèrement lors de quelques scènes montrant enfin les failles et l'épuisement des militantes. Enfin, titre anglais oblige, l'interprétation est irréprochable (Carey Mulligan et l'épatante Anne-Marie Duff en tête) et la reconstitution est évidemment « proprette » (bien qu'un peu lisse). On est toutefois malheureusement plus près du téléfilm soigné que de la grande fresque épique pleine de souffle : cause majeure, titre mineur.