En 1963, Lautner et Audiard signent ce qui sera un des films les plus cultes du cinéma français et, permettez moi du peu, la plus belle liste de dialogues du septième art hexagonal.
Fernand Naudin (Lino Ventura), commerçant de gros matériel à Montauban est appelé à Paris pour retrouver Louis, dit "Le Mexicain" (Jacques Dumesnil). Celui-ci est un de ses plus vieux ami. C'est un truand qui a su développer un petit empire illégal. Malheureusement la mort est entrain de le saisir et il demande à Fernand, son meilleur ami, de reprendre l'affaire pour ainsi soigner les comptes qui iront à Patricia, sa fille (Sabine Sinjen). Fernand Naudin a beau avoir être un truand reconverti, il va devoir retrouver les bonnes vieilles méthodes pour veiller à l'héritage de sa "nièce", le tout en espérant revenir rapidement chez lui et survivre à ceux qui aimeraient récupérer l'empire du Mexicain. Heureusement, dans cet affaire, il est aidé par Maître Folace, le notaire du Mexicain (Francis Blanche), Jean, son majordome (Robert Dalban) et Pascal, première gâchette du patron (Venantino Venantini).
A partir de cela, ne nous mentons pas, le scénario ne brille pas par sa puissance. Soulignons, cependant, que pour une comédie, on évite de tomber dans le ridicule et l'incohérent. C'est plutôt bien amené et bon enfant et on s'amuse bien. Le développement possède de nombreuses phases sérieuses qui amènent une tension, désamorcée rapidement par le rire suscité par les protagonistes.
J'ai cependant regretté certains effets comiques, notamment les bruits de pistolet qui m'ont fait sortir du film à chaque fois. Notons aussi que certaine scène, comme la rencontre entre Ventura et Pierre Bertin (incarnant le père du fiancé de Patricia) est, à mon sens, assez peu drôle puisque la fusillade dure très longtemps et que l'humour de la scène repose sur l'aspect incongru de la surdité du bonhomme.
Le film n'est donc pas devenu culte pour ses gags qui oscillent entre le correct et le moyen, ni pour son scénario qui est à peu près du même niveau. La bande-son, bien que réputé m'a cependant assez vite lassé, pour des raisons relativement subjective cela dit. En effet, je n'ai pas du tout accroché aux sonorités proposées. D'emblée, donc, je suis allé à contre-sens.
Non, le succès du film vient évidemment de ses dialogues. Et là, c'est important, je parle bien de dialogue. On a assez peu de répliques qui, en elles même, sont grandioses. Bien qu'on nous vante Les Tontons Flingueurs comme le joyaux d'Audiard, en terme de monologue l'artiste aura fait mieux. Mais dans les dialogues, dans la vitesse des répliques, dans la vitesse de la réponse et dans la qualité de l'échange, on est face à quelque chose de franchement superbe.
Notons que sans les acteurs, cela aurait été impossible. Or ils sont tous de très haut niveau. Difficile de les départager tant la qualité est au rendez-vous. Les Tontons Flingueurs est un régal à voir rien que pour cela, tant les artistes s'en donnent à coeur joie et donnent vie aux répliques, rendant les scènes très marquantes.
Le film souffre, malgré tout, de quelques légères longueurs et j'ai eu un peu de mal à être séduit par moment.
Je souligne, cela dit, la qualité visuelle. Beaucoup de plans sont d'un esthétisme singulier qu'on ne s'attendrait pas à voir dans ce genre de film. Même si au bout de la moitié du film, leurs fréquences baissent, toute la première moitié est composée d'image d'une beauté féérique qui viennent se placer de manière surprenante. Très étonnant comme détail et pas assez relevé à mon avis.
Malgré tout, j'ai du mal à être parfaitement séduit par Les Tontons Flingueurs. Nul doute qu'il s'agit d'un film majeur du cinéma français, doit-on, pour autant, l'élevé au rang qui est le sien aujourd'hui ?
Je demande juste à ce qu'on y réfléchisse.