Il semblerait donc que Sylvain Chomet ait pompé pas mal de choses sur Nicolas de Crécy (ICI), dont il fut le scénariste, pour établir l'univers graphique, et notamment les décors urbains et maritimes, des Triplettes de Belleville. Le hic étant qu'il aurait laissé tomber son ancien collègue...


C'est carrément honteux de ne pas aider les p'tits copains dans le besoin dès qu'on a du succès, mais ma note n'en tiendra pas trop compte (ça m'a juste aidé à trancher entre le 7 et le 8), parce que me concernant, l'aspect visuel ne m'a pas plus emballé que le scénario, la musique, et les nombreuses très bonnes idées de cet animé.


Au départ, la pauvre Madame Souza et son petit-fils rondelet prénommé Champion se font ièch dans la vie. Faut dire qu'on ne parle pas beaucoup dans la famille ; madame Souza ayant tout autant la langue courte que l'une de ses deux jambes. Et jouer au train électrique n'y changera rien, surtout lorsqu'un pont érigé pour que d'autres plus grands y défilent fera pencher son habitation comme à Pise.
Entre-temps, le petit a grandi, et ses débuts passionnés pour la bicyclette se sont confirmés. Cycliste bossu au regard vide, aux membres inférieurs surdéveloppés et rachitiques au-dessus, le vélo a remplacé sa vie. Sa grand-mère procède à des techniques alternatives de massage quand lui se nourrit au compte-goutte, et c'est le chien devenu obèse - forcément - qui finit ses restes. Mme Souza doit porter l'humanoïde jusqu'à son lit tellement cette sous-alimentation épuise son petit-fils.


Un jour, au cours d'une excellemment pathétique étape de montagne du Tour de France, une voiture-balai et ses armoires à glace (j'ai adoré l'idée graphique jusqu'au-boutiste) un peu "particulière" attendra de ramasser les coureurs à la traîne pour les parquer tels des bourrins afin de les emmener à Belleville. Une mégapole assez superbement détaillée (sauf que maintenant on sait que c'est plagié comme passage) que nous découvrirons aux notes d'un morceau de musique classique des plus efficaces. Et qu'est-ce qu'il y a dans Belleville à part des obèses de partout ? Ben Les Triplettes pardi ! ^^ Ces trois mamies jazzy amatrices de grenouilles, et aux moeurs surréalistes qui feront le sel de cette deuxième partie. Et franchement, le gag du frigo, du journal et de l'aspirateur, difficile de le voir venir et de ne pas apprécier !


La dernière partie quant à elle mettra tous ces braves gens au contact de la mafia et de son petit parrain dépressif qu'un serviteur zélé saura si drôlement flagorner. Mais je n'en dirai pas plus. Tout juste que j'ai moins accroché à la course-poursuite finale trop peu crédible, même si notre seconde triplette, celle des bourrins, continuera de nous prouver leur abrutissement aveugle et désespéré - métaphore de la mécanisation par la spécialisation décérébrante des êtres dépassés et égarés.


Un style très particulier, quasi muet, très vieillot et qui pourrait à première vue donner le cafard (comme ça sera le cas me concernant avec son long-métrage suivant), mais le rythme des Triplettes de Belleville et ses nombreuses trouvailles lui donnent finalement plus de charme qu'autre chose. Vraiment dommage cette histoire de plagiat peu reluisante.

RimbaudWarrior
7
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le 24 juin 2016

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RimbaudWarrior

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