Les années passent, les styles et les tendances évoluent. Le cinéma ne fait pas vraiment exception, mais parfois, rien de mieux que de se plonger dans une atmosphère particulière, une époque, qu’un film peut nous permettre de revivre, et nous rappeler que certains d’entre eux n’ont rien à envier aux productions actuelles. Les Trois Jours du Condor fait partie de ces thrillers qui ont gardé leur style et leur charme d’époque, sans être tombés dans la ringardise.


Les Trois Jours du Condor est un film qui tient sa force et son intérêt du contexte dans lequel il a été réalisé. On ne le dit jamais assez, et bien que cela semble d’une logique implacable, un film reste toujours lié au contexte dans lequel il a été réalisé, tant par rapport à sa réalisation que par rapport aux événements qui se sont déroulés dans le monde à cette époque. En 1975, les affaires d’espionnage vont bon train, surtout depuis le scandale du Watergate qui s’étend de 1972 à 1974, et met à mal la plupart des grandes agences de renseignements américaines. Les Trois Jours du Condor, basé sur le roman *Les Six Jours du Condo*r de James Grady, publié un an plus tôt, vient s’inscrire dans cette mouvance de défiance et de méfiance envers ces agences.


Robert Redford, agent détaché spécialisé dans la synthèse et la recherche d’informations et de fuites issues de publications publiques, incarne le rôle de l’électron libre, du cheveu dans la soupe qui va faire tourner la mixture et faire capoter une sombre machination mise en place par une force invisible mais très puissante. Ce rapport de force fait la base du récit, montrant le personnage de Turner (Robert Redford) comme un héros intègre et fort, mais acculé, démuni et craignant pour son sort. N’étant pas un véritable agent de terrain surentraîné, il est la souris poursuivie par le chat, mais qui cherche toujours à avoir un coup d’avance et à en savoir davantage pour conserver au maximum de la marge sur ses poursuivants.


Jouant sur la froideur de l’hiver, le gris de la ville, les grandes tours obscurcissant les petites ruelles, les espaces confinés, Sydney Pollack crée une atmosphère anxiogène visant à appuyer le climat de panique dans lequel le personnage de Turner évolue. Il se retrouve ainsi comme pris au piège dans un vaste Dédale où il ne peut faire confiance à personne, une épée de Damoclès le menaçant sans cesse. Robert Redford incarne d’ailleurs parfaitement ce mélange presque paradoxal d’un personnage déterminé mais paniqué, pris en chasse par un antagoniste (Max von Sydow) surprenant, très méthodique, inquiétant, mais ajoutant de la saveur au film.


En effet, Les Trois Jours du Condor reste un thriller très classique qui ne révolutionne pas le genre, mais n’a, non plus, pas grand chose à envier aux thrillers actuels. Son aspect daté, notamment à travers sa bande originale, ne le ringardise pas et, au contraire, lui ajoute une authenticité bienvenue et l’ancre dans son époque, mais son intrigue ne demeure pas moins d’actualité. Académique sur la forme, il se déroule suivant un schéma classique, construit à partir de scènes de poursuites, de découvertes, de révélations et de rebondissements. Les Trois Jours du Condor n’est peut-être pas une extraordinaire surprise, mais garantit de passer un bon moment.

JKDZ29
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le 24 juin 2017

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JKDZ29

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