Ah... Les Valseuses.
Le film fraîchement vu, je ressens le besoin immédiat de lister ce qui m'a touchée, ou non, en quelques petites madeleines (blowup, sors de ce corps).
Depardieu. Si fort, si puissant, si serein. Quelques tatouages, la coupe au bol, le poil au torse et le zizi à l'air. A chaque réplique j'ai eu l'impression qu'il me chantait la sérénade. Suis-je la seule? En fait... je découvre Depardieu autrement qu'en Obélix. Et je suis très admirative. Voilà. Non, mes joues ne sont pas rouges. Arrêtez.
Leur cavale qui n'a ni queue ni tête. Ils vont, ils viennent, à la mer, à la ville, de nouveau à la mer, seuls, accompagnés, blindés, pauvres. Toujours une idée derrière la tête, surtout quand ils disent qu'ils n'en ont pas. Ils volent plein de bagnoles et une moto. Une passion fortuite pour les DS. Le goût du risque. Leur façon de rentrer chez des gens on ne sait par quel miracle (ou alors ils ont -tous- oublié de fermer leur maison à clef, mon côté rationnaliste fait une fixette là-dessus voilà).
Mon regard a voyagé avec ces deux voyous. Dès la première seconde, je les ai haïs. Le harcèlement de cette pauvre dame, la scène du train avec Brigitte Fossey, leur façon de traiter Miou-Miou comme un "bout d'mou". Puis quand Patrick Dewaere était tout penaud, là, en se plaignant avec émotion de ne plus pouvoir bander. Alors là j'ai été attendrie. Quand, tour à tour, ils essayaient de faire sortir Miou-Miou de son indifférence. J'étais attendrie, curieusement. Sans oublier le petit reniflement de bikini de la mystérieuse Jacqueline qui m'a un peu perdue dans mes émotions hein, je ne savais plus trop où ça irait. Le bowling, c'était un non (#JulienLepers). Après, ils ont recommencé à suivre avec entrain une vieille femme qui n'est autre que Jeanne Moreau, mon regard s'est ré-obscurci. Puis leurs larmes dans les bras de Miou-Miou m'ont fait du bien. Puis quand ils faisaient la gueule à Miou-Miou dans la maison de campagne, j'ai souri. La fin avec Isabelle Huppert m'a touchée. Ils ont un coeur, en fait. Il a tardé à se montrer.
J'ai aimé le personnage de Miou-Miou. Sûrement parce que je l'ai tout de suite vue comme une figure poétique ou une métaphore. Elle m'a beaucoup fait penser au personnage d'Yvonne dans la pièce Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz. Elle gêne parce qu'elle se tait. Dans son monde. Néanmoins très forte.
Oh et puis la tirade de Jeanne Moreau sur les règles, après avoir mangé des huîtres. Imprévu, étonnant, mais d'une justesse folle. J'en redemande des scènes comme ça.
Sans oublier, et j'en reparle, les quelques scènes avec une Isabelle Huppert toute jeune. Un t-shirt Mickey Mouse et un chapeau en jean. Toute fragile qui sort de ses gonds. J'ai été touchée par leur rencontre à tous les 4. Décidément, les scènes hors-du-temps et imprévues, c'est ce que je préfère.
Voilà.
Pfiou, ça va mieux!
Donc si on résume... En fait, ces deux gars-là sont des pauvres tocards paumés et obsédés. Mais ils sont, comme nous, à la recherche de la transcendance. Plutôt mourir que d'être séparés, ces deux-là. Les dialogues sont crus... mais un peu poétiques, faut se l'avouer. La preuve avec ce dernier vers du film :
"On est pas bien, là ? Paisibles, à la fraîche, décontractés du gland... Et on bandera quand on aura envie de bander..."
J'ai vu Les Valseuses. Maintenant, je suis prête à avoir 20 ans.