J'ai été patiente avec ce film. J'ai attendu que la liberté sexuelle soit montrée sous un prisme autre que celui de l'intimidation et de la culture du viol. J'ai attendu que l'humour soit moins potache, se diversifie, s'affine. J'ai attendu que les thèmes abordés par le film se multiplient pour justifier sa pérennité et son statut de "film culte". J'ai attendu l'œuvre mature et rafraichissante dont on m'avait parlé.
Mais les situations s'enchaînaient, toujours aussi gênantes. "Bah je bande plus" Regard de prédateur, misère sexuelle. Moi non plus, ce qu'il se passe à l'écran ne me fait pas bander.
Là où Harold et Maude, trois ans auparavant, montre la libération sexuelle selon le biais de la tolérance avec l'histoire d'amour d'un adolescent et d'une femme de 80 ans, Les Valseuses lance "On va quand même pas se taper une vioc".


"C'est pas la peine de faire tant de simagrées, si vous voulez me baiser allez-y", la résignation ne trouve pas grâce aux yeux de Pierrot. Frustré, incapable d'exercer sa violence sur une proie auto-déclarée, il met une gifle à Marie-Ange, qui en plus de se faire violer à maintes reprises devrait exprimer un plaisir ostensible, pour rassurer les hommes dans leur virilité. On espère que ce soit du second degré pour moquer la vanité masculine, et après on réalise que ces espoirs sont trop beaux pour être vrais. Summum de la subtilité ; la traversée de l'écluse par les deux acteurs, avec en fond sonore les premiers cris de jouissance de Marie-Ange.


L'insolence, la voracité, la cruauté, l'insouciance, sont probablement autant d'aspects de la personnalité des héros qui ont séduit le public, si on en croit la note du film sur Senscritique.
"Nos coeurs sont des affamés. Notre esprit ne connait pas le repos. La vie est belle à proportion qu'elle est féroce, comme nos proies." disait Quignard. L'idée du film s'y retrouve, cette férocité de l'élan vital n'est pas nouvelle, mais est représentée avec une surenchère que je trouve vaine et désolante.

Couverdure
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films avec Isabelle Huppert

Créée

le 10 mai 2016

Critique lue 8.1K fois

74 j'aime

16 commentaires

Couverdure

Écrit par

Critique lue 8.1K fois

74
16

D'autres avis sur Les Valseuses

Les Valseuses
Couverdure
2

Culture du viol et écluses

J'ai été patiente avec ce film. J'ai attendu que la liberté sexuelle soit montrée sous un prisme autre que celui de l'intimidation et de la culture du viol. J'ai attendu que l'humour soit moins...

le 10 mai 2016

74 j'aime

16

Les Valseuses
Psychedeclic
5

Ca bande mou

Je vais finir par croire que j'ai un problème avec les films dits "cultes". En voici encore un encensé par la plupart des gens qui ne m'a que moyennement convaincu, même si je comprends bien pourquoi...

le 7 juin 2011

52 j'aime

3

Les Valseuses
Grard-Rocher
8

Critique de Les Valseuses par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Jean-Claude et Pierrot sont deux petits loubards de banlieue pas trop décidés à travailler, préférant passer leur temps à terroriser, par jeu, les habitants de leur cité. Un soir, à la fermeture de...

50 j'aime

4

Du même critique

L'Insoutenable Légèreté de l'être
Couverdure
4

L'insoutenable indigence

Trop de philosophie de Terminale exploitée avec les pieds (l'éternel retour de Nietzsche, un soupçon d'existentialisme de comptoir, une esquisse de réflexion sur le jugement pratique durant deux...

le 7 janv. 2016

21 j'aime

8

8 femmes
Couverdure
2

Le malaise à l'état pur

Malgré des actrices de renom, ce film enchaîne les situations gênantes. Dignes d'un épisode de Plus belle la vie, la plupart des ressorts narratifs gravitent autour de la sexualité, tout en...

le 16 nov. 2015

14 j'aime

Café Society
Couverdure
4

L'ambiance sans la consistance

Café Society est un film agréable, un film d'ambiance à voir en soirée, entouré d'un public réceptif. Le scénario ne laissait pas présager de grand tournant, et il n'y eut pas de surprise ; Woody...

le 11 mai 2016

13 j'aime

1