Je savais ce qui m'attendait en allant voir le film, mais je ne pensais pas que c'était à ce point. Esthétique, ambigu, cruel, perturbant, navigue entre plusieurs genres (littéralement), très référencé, teintés d'hommages, un vrai plaisir cinéphilique. Les garçons sauvages c'est ce genre de film un peu étrange dans le cinéma français contemporain qu'on retrouve entre les films d'auteurs que personne ne va voir et les comédies répétitives, un peu comme Les filles au Moyen-Âge de Hubert Viel ou plus récemment le Jeannette de Bruno Dumont - et tout son cinéma en général.
On a un réalisateur qui a une idée de départ, et qui s'amuse à en faire quelque chose d'original.
Tout les choix de réalisations sont audacieux : noir et blanc, couleur, fondu à l'ancienne, incrustration kitsch, musique très bien choisie (quel plaisir de réécouter le Dies Irae de Nora Orlandi, sur une scène très perturbante), des scènes très osées mais aussi le choix des acteurs, ou plutôt des actrices. Le fait d'avoir fait joué des femmes pour les rôles des jeunes garçons peut paraître surprenant, on se dit que c'est sans doute un hommage aux vieilles méthodes venant du théâtre où les jeunes hommes étaient joués par des femmes. Quand on a vu le film on comprend pourquoi (il n'y a pas une seule raison, exemple qui ne révèle rien : on voit beaucoup de scènes où les garçons ont le sexe à l'air, j'ignore si ça aurait été correct de mettre de vrais jeunes garçons).
La première heure, quand on sait que ce sont des femmes, on ne peut s'empêcher d'y penser, mais l'interprétation est tellement ancrée et imprégnée qu'on s'y habitue et on a l'impression de voir de vrais garçons - personnellement, quand j'ai vu la bande-annonce la première fois, j'ai été dupé et je ne m'en suis pas du tout rendu compte. Mais surtout, le plus perturbant, viens un moment où tout simplement, ça n'a pas d'importance, on se contente d'apprécier ce que l'on voit.
Le fantasmagorique, les métaphores sur le sexe, les pulsions adolescentes, Les garçons sauvages, reste une aventure dans l'imaginaire, le film interroge en vous ce que vous avez de plus enfoui, teinté de poésie, de pansexualité, on se laisse aller par ces belles images envoûtantes, ces garçons pleins d’ambiguïté, cette île presque vivante et sexuée, ce conte érotisé. Une véritable ode à la jeunesse, un vrai régal.