Lettres d'Iwo Jima par Erwan18
"Lettres d'Iwo Jima" est le second volet consacré par Clint Eastwood à la bataille d'Iwo Jima, dans le Pacifique. Le premier volet (Mémoire de nos pères) était déjà un très beau film mais celui-ci est meilleur encore. Il devrait être moins catalogué "film de guerre" que "film d'hommes". Assez rapidement on devine que la bataille sera perdue par les Japonais, malgré l'arrivée du général Kuribayashi qui commandera les troupes de défense jusqu'à la fin. Cela a souvent été le sort des assiégés, au contraire des assaillants. L'idée de truffer le mont Suribachi de galeries pour la circulation et la protection des soldats ne suffira pas à pallier le manque rapide de munitions et l'abandon par l'état-major japonais qui n'enverra aucun renfort.
A travers ses deux films, Eastwood s'attache à montrer que les soldats en première ligne sont les mêmes dans les deux camps, avec les mêmes peurs, les mêmes doutes, voire la même folie ou la même détermination. Les scènes de guerre et certaines scènes atroces sont bien là, mais sont nécessaires au récit et à la compréhension de la culture nipponne, où le sens de l'honneur, du vainqueur comme du vaincu, prime sur tout. L'atmosphère est un peu oppressante, car 80% du film se passe dans les galeries, et la fin du film a une teinte nettement mélancolique, plus que "Mémoire de nos pères", un peu à la façon du "Dernier samouraï" où les derniers combattants partent à l'assaut des mitrailleuses avec leur katana traditionnel.
L'intérêt est que les lettres d'Iwo Jima ont vraiment existé. Elles furent écrites par le général Kuribayashi (joué par Ken Watanabe, acteur formidable vu dans Le dernier samouraï et Mémoires d'une geisha) pour sa famille, mais ne purent évidemment jamais être envoyées. Un premier livre, japonais, en fut tiré, qui servit de point de départ à Eastwood. Son diptyque est vraiment une réussite et la volonté de montrer un évènement aussi tragique des deux côtés est sans doute unique dans l'histoire du cinéma.