Faire un pastiche d'une oeuvre, c'est pas vraiment le truc le plus compliqué qui soit; le faire bon, c'est une autre histoire. Dans cette visée ci, "Leviathan" se plante lamentablement. Catastrophiquement mal scénarisé, filmé de manière très molle et doublé avec le cul, il peine vraiment à convaincre, au point de terminer au rayon navet du supermarché. Pas le légume hein, celui des mauvais films.
Et c'est pas Peter Weller qui va venir me faire mentir. Entre autre héros de Robocop et Planète Hurlante, le type avait clairement de quoi convaincre dans le rôle. Détail inattendu, il est dirigé de manière très molle; cela se ressent non seulement sur son jeu, mais aussi et surtout sur celui des autres interprètes. Ajoutes-y le doublage merdique ( surprenant pour une série b d'époque ), et y'a plus grand chose pour se réjouir en ce qui concerne la prestation des acteurs.
C'est en ce qui concerne son esthétique que l'oeuvre pèche le moins. Plastiquement soignée, elle plagie Alien de A à Z, avec un petit tour vers d'autres oeuvres ( The Thing, surtout ), et une ressemblance amusante avec Abyss ( sorti la même année ). A partir de là, forcément que ça va être beau. C'est très beau, même; la créature est souvent bien mise en image, encore que son design laisse à désirer ( et ne ressemble à rien, en fait ). Pour une série b, y'a pas à dire, c'est réussi, avec cette âme typique des films de jonction entre les années 80 et 90, sortes de bâtard multi-générationnels qui ne savaient plus trop où se caser. Et puis y'a Stan Winston juste derrière, alors forcément que ça va claquer un max.
Le soucis viendra surtout de comment le film représente la tension, l'épouvante. Propice à nous montrer des scènes d'action pas trop mal filmées, le travail de George Pan Cosmatos ne vaut rien lorsqu'il s'agit de poser une ambiance, une vraie, quelque chose de poisseux, de terrifiant, de glauque. Parce que Leviathan n'est en fait qu'une oeuvre banale et classique, un produit mercantile sans réelle personnalité ni même touche artistique.
On se contente de plagier tout ce qui existe, sans réellement faire attention à y apporter du neuf. Où les plus grands s'inspirent sans pomper, les réalisateurs les plus infimes ne font que copier et coller sur un matériau porté par des artistes aux goûts douteux. L'écriture reste dans cette même veine manquant cruellement de talent. Plombant le film par ses dialogues idiots et ses situations mal exploitées, le faisant crouler sous le poids de ses personnages mal développés ( en même temps, quand tu vois le niveau du reste ... ) et de son scénario inepte qui ne comprend même pas ce qu'il débite, "Léviathan" se prend un peu la raclée du siècle, s'auto-caractérisant comme étant l'infamie la plus radicale, l'hécatombe financière la moins artistique de son siècle.
Certes, j'exagère, mais c'est qu'il faut les voir tous ces décors tout droit sortis d'un Star Wars au rabais; ou cette créature qui ne sait pas qui pomper le plus d'Alien ou The Thing; ou ces acteurs à la ramasse, qui savent pas aligner plus de trois lignes sans faire une tête de cons; ou cette écriture qui ne termine jamais ce qu'elle a décidé de commencer, n'étant bonne qu'à plagier sans vergogne ni même une once de respect. Leviathan, c'est un peu le manque de respect le plus total au travail d'artistes accomplis. Comment de différents chef-d'oeuvres d'imblérables bousasses.