Bon, si j'ai regardé ce film, c'est parce que le titre est cool, parce que pour la première fois j'ai trouvé un film en streaming en tapant le nom, c'était incroyable, j'ai tapé le nom dans un moteur de recherche, j'ai cliqué sur le premier lien, sur lecture, le film est parti, je n'aurais pas osé en rêver. La police française peut m'arrêter, j'avouerai tout, parce que je pense que c'est illégal. Ou alors il faut m'expliquer de quoi vivent les acteurs et l'équipe de production.
La dernière raison qui m'a poussé à le regarder était qu'il y avait Charlotte Le Bon dedans.
Il m'est arrivé d'aller au cinéma voir un film juste parce qu'il y avait Charlotte Le Bon dedans, et, je ne le conseille pas, finalement. Ça ne suffit pas toujours.
Donc, Sébastien, est un mec qui ne fait rien, absolument rien. Ça pourrait le déprimer, le conduire à des extremités folles (comme mourir de faim, de soif, tomber malade) mais non, rien, il vit dans une colocation à Paris et mange des céréales, avec du lait. Quand on y réfléchit, les gens à qui il arrive malheur, c'est souvent quand ils font quelque chose que ça finit mal. Lui, forcément, comme il ne fait rien, il va bien.
Enfin, il ne fait rien, il ne fait rien, non. Il touche le RSA déjà. Alors pour les gens qui sont pas au courant, dans la réalité, c'est pas ça du tout. Pour avoir le RSA, tu vas à la CAF, tu remplis un papier, tu files plein de pièces, tu justifies sur l'honneur que tu n'as pas de revenus et que tu bosses pas, on essaie de te faire un peu peur, de te dissuader, bon, si ça ne marche pas tu finis par toucher 415 euros par mois je crois. Plus une prime de Noël de 100 euros, un truc comme ça. Donc pas de quoi payer un loyer à Paris, looool, je sais même pas si tu peux louer 1 m² avec ça, non parce qu'il faut aussi acheter de la bouffe après. Il voit quelqu'un, un soi-disant référent RSA je crois, ça, en fait dans les textes ça existe, dans la réalité tes chances d'en rencontrer un quand tu es au RSA sont quasi-nulles. En réalité tu as infiniment plus de chance d'avoir un rendez-vous avec ton conseiller pole-emploi, rendez-vous qui arrivera au bout de deux mois si tu as de la chance, puis après, beaucoup moins souvent. A cette fréquence-là de rendez-vous, je ne sais pas si on peut parler de "suivi". Hélas, le suivi que devrait mettre en place la CAF n'existe pas, faute de personnel. La CAF s'occupe de bien trop de choses pour être en mesure de gérer les allocataires du RSA.
Il touche le RSA, donc, et lit beaucoup. Il discute beaucoup avec ses colocs, surtout, et leurs dialogues sont pas toujours très fins mais très drôles. A un moment, le dialoguiste se prend pour celui du film "Les valseuses", ça ne marche pas, n'est pas Bertrand Blier qui le veut.
Charlotte le Bon joue parfaitement, elle a l'air beaucoup plus expérimentée que ses deux comparses, Felix Moati et Baptiste Le Caplain, qui parfois manquent un peu de justesse. Darroussin est formidable en référent RSA idéal.
Le problème, c'est qu'au bout de trois quarts d'heure/une heure, le réalisateur s'ennuie. Son histoire doit bien déboucher sur quelque chose. Alors bon, ça débouche sur quelque chose, mais, je sais pas, mon sentiment à ce sujet oscille entre colère et tristesse. Enfin c'est après coup, j'étais encore sous le charme pendant que je le voyais.
Premièrement, Charlotte le Bon disparaît. Deuxièmement, alors qu'il représentait une forme de contestation sociale pendant la première partie, une contestation sociale originale et douce, le héros trouve un mode de vie censé lui convenir. Même si c'est bien amené, bien pensé, sa résignation est d'un ennui mortel et on ne comprend pas comment il peut y trouver son compte. On se dit qu'il ne le trouve pas, mais que comme il n'affiche aucune espèce de sentiment tout au long du film, et bien il est content. Il arrive à se satisfaire de ce qu'il trouve. Il y a quelques dialogues creux, avec sa mère, notamment, le dialoguiste en fait trop pendant sa rencontre amoureuse, je sais pas, il a eu peur qu'on ne comprenne pas. J'ai failli gerber quand il se remet à traverser la foule à contre-courant. Non, il marche dans le même sens que la foule, il faut avoir des convictions pour aller toute sa vie à contre-courant, pour aller encore et toujours à contre-courant, même si on y va par des chemins détournés, même si ses convictions sont bien cachées.
Pour un petit film français c'est pas mal, mais ça aurait pu être beaucoup mieux. Il y avait les moyens. Dommage. Un film saisissant par son originalité et ses dialogues, un premier film, je suppose.