Acteur phare de la scène indépendante américaine, entre ses films avec Gus Van Sant, A Ghost Story ou encore Manchester by the Sea (récompensé par un Oscar), Casey Affleck passe derrière la caméra pour la deuxième fois de sa carrière.
Dans un futur proche où quasiment l’ensemble de la population féminine a été éradiquée et où un père et sa fille unique ont survécu, Casey Affleck se questionne sur le rôle de père, l’évolution de cette paternité dans un contexte post-apocalyptique et de la relation père/fille, où on se demande qui, au final, protège ou éduque l’autre .


Light of my Life est un film intimiste touché par la grâce et la sobriété. Dès la première séquence du film, où le père tente de raconter une histoire à sa fille et fait une relecture de l’arche de Noé, on pose les enjeux du film et la relation entre ce père et sa fille. Là où le film peut rappeler Leave No Trace ou Captain Fantastic dans ses thèmes, le père qui éduque son ou ses enfants en marge de la société, il se différencie d’eux car il s’agit ici plus d’une nécessité que d’un désir. En effet, la population féminine a disparu depuis plusieurs années, suite à l’apparition d’un virus. Ici, les codes du film post-apocalyptique permettent surtout d’amplifier l’intimité entre les deux personnages.


La mise en scène de Casey Affleck, minimaliste (quasiment que des plans fixes) et aidé par la très belle photographie d’Adam Arkapaw, s’écarte de tout son potentiel de science-fiction pour un questionnement sur la parentalité. Le film suit ce père, qui pour me mieux protéger sa fille, symbole d’un avenir possible ou d’une menace, fuit la société et ses symboles, comme s’ancrer dans une maison, représentation du foyer et de la vie de famille, passant de havre de paix à piège pour les héros assez rapidement.


Ce père, qui inculque à sa fille des valeurs humanistes et lui donne une éducation littéraire ou logistique, va être repoussé dans ses tranchées, par sa fille dotée d’une sensibilité au dessus de la moyenne. Si Casey Affleck est, comme à son habitude, convaincant dans le rôle de ce père protecteur mais vulnérable et maladroit dans ses réponses aux questions de sa fille, c’est surtout Anna Pniowsky qui crève l’écran, dans son premier rôle principal où elle joue cette fille déjà très mature et qui voudrait s’émanciper d’un père très protecteur.


L’absence de mère, vécue difficilement par le père comme le montre les flashbacks, oblige celui-ci à combler le vide et permet d’entrer dans l’intimité d’une relation où les deux personnages se complètent et s’enrichissent mutuellement, entre une jeune fille devenue rapidement mature et un père qui, maladroitement et protecteur, essaye de transmettre et d’éduquer sa fille. Si le film commence par se questionner sur le rôle du père, il finit sur une image d’émancipation des femmes, en mettant Rag au centre du film.


Le film, se trouvant au carrefour entre Le Fils de l’Homme, Leave No Trace ou La Route, notamment, ne démarque pas forcément par son originalité, Light of my Life réussit à émouvoir et à être attachant.


7,5/10

L-Cdu92
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le 21 août 2020

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