Lincoln - La caméra explore le temps
Lincoln est une œuvre où cohabitent deux films, ils se superposent même donnant une impression de longueur. On a d'une part l'histoire de l'adoption du 13e amendement de la constitution abolissant l'esclavage, les manœuvres de Lincoln et de son équipe pour convaincre les parlementaires indécis durant le mois de janvier 1865 et d'autre part une chronique de la vie personnelle du président à cette période, ses relations conflictuelles avec sa femme et son fils ainé, le poids de sa charge de président en temps de guerre civile.
La première intrigue est assez vive, instructive, drôle, parfois tirant le meilleur partie d'un casting qui voit défiler de nombreuses têtes connues du cinéma et de la télévision américaine : David Strathairn, Hal Holbrook, Lee Pace, Jared Harris, Tim Blake Nelson, Bruce McGill, Jackie Earle Haley et Walton Scoggins de la série THE SHIELD qui incarne un personnage à l'opposé de celui qu'il interprète dans Django Unchained!
Ils sont tous très impliqués et donnent leur meilleur.
S'en détache la performance de Tommy Lee Jones en Thaddeus Stevens, leader républicain fervent abolitionniste atout primordial de Lincoln dans cette bataille qui révèle dans sa dernière scène une motivation très émouvante.
En revanche la seconde intrigue, souffre de trop de lenteur et ne sort pas vraiment des clichés sur le bon président même si bien sûr la encore, l'interprétation est remarquable.
Daniel Day Lewis sans surprise, impeccable, rendant Lincoln très humain, il fait passer la contradiction d'un politicien très habile, manipulateur parfois mais qui déteste la politique, d'un homme rongé par sa charge, conscient de sa place dans l'histoire mais aussi aimant raconter des histoires.
Sally Field dans le rôle de Mary Todd Lincoln, nous fait apparaître sa détresse de manière très authentique.
Le(s) moins
Si bien sûr la technique (photo, décors) est impeccable, mais la réalisation de Spielberg est empesée, purement illustrative loin de sa virtuosité habituelle.
Le film trop académique, manque du souffle et de l'âme qu'il avait su insuffler à ses fresques historiques les plus célèbres comme Saving Private Ryan ou Schindler's List.
Paradoxe, la partie la plus vivante du film souffre d'une réalisation quasi-télévisuelle, le travail formel étant beaucoup plus poussé dans la chronique intime (jeux de clairs obscurs, séquence onirique).
Peut-être l'attente si longue a paralysé le maître.
Conclusion
Lincoln est une leçon d'histoire un peu longue, bavarde mais transcendée par une interprétation 5 étoiles.
Ma note 6/10