Malédiction amusante

7 ans. 7 ans déjà qu'Eli Craig a déboulé avec son irrésistible "Tucker & Dale", déclaration d'amour hilarante aux survivals à base de rednecks et de massacres qui a su conquérir tous les fans du genre... Et, depuis, rien, sinon la promesse chimérique d'une éventuelle suite. Mais voilà qu'arrive de nulle part, "Little Evil", une production Netflix écrite et réalisée par le monsieur et reposant sur une idée tout simplement géniale... Imaginez, vous rencontrez la femme de vos rêves, mère déjà d'un enfant. Sûr de vos sentiments, vous l'épousez un brin trop vite sans prendre le temps de connaître votre futur beau-fils et, alors que vous faites tout pour établir une relation avec lui, vous vous rendez compte que celui-ci est tout simplement l'Antechrist, prêt à détruire l'humanité dans un futur plus que proche... "La Malédiction" du point de vue d'un beau père qui n'a rien demandé à personne ! Quelle formidable point de départ pour tout un tas de situations complètement décalées ! Mais, bizarrement, Eli Craig va se montrer beaucoup plus maladroit à tirer le maximum de ce brillant potentiel que lors de son précédent long-métrage. Déjà, il est important de souligner que "Little Evil" est drôle, voire hilarant... seulement par intermittence. Le principal défaut du film est de ne pas savoir jongler entre les ficelles faciles de la satire (voire la parodie complète) et l'absurdité tirée de situations prises malgré tout au sérieux (une des réussites de "Tucker & Dale"). On s'explique : la première grosse partie du film est l'exemple même de cette schizophrénie comique en n'optant jamais réellement pour une de ces deux directions . On sourit, certes, mais rarement quand le film veut à tout prix provoquer une hilarité surlignée par une BO simplement insupportable et omniprésente (Marco Beltrami mérite d'être décapité) ou des séquences tellement attendues (aïe, l'apparition de Tyler Labine ou cette idée saugrenue du nain). "Little Evil" a cette tendance à s'enfourner dans une multitude de situations faciles qu'il déçoit forcément dès le départ quelque part... MAIS, on se marre ! Adam Scott est parfait (si vous ne connaissez pas ce génie, renseignez-vous), Evangeline Lilly est géniale en mère complètement naïve (la scène où elle raconte la conception de l'enfant est à tomber) et, Briget Everett, en meilleure pote fait souvent mouche. En fait , "Little Evil" n'est jamais meilleur lorsqu'il prend enfin son sujet au sérieux, passant au-delà de ses multiples références jouissives (coucou "Poltergeist", "Shining" et évidemment "La Malédiction") pour enfin faire un n'importe quoi cohérent, prenant et hilarant de son sujet tout en abordant la difficile relation entre un beau-père et un enfant dans sa réciprocité (la dernière demi-heure est absolument géniale en ce sens). Un acteur au top, des dialogues géniaux et une dernière demi-heure hilarante font de ce "Little Evil" une bonne comédie horrifique. Mais, parviendra-t-elle à être mémorable face à l'usure du temps, on n'en est pas très sûr...